Redacted raconte une histoire fictive inspirée de faits réels. C'est une expérience unique qui nous obligera à réexaminer de manière radicale les filtres à travers lesquels nous voyons et acceptons les événements mondiaux, le pouvoir de l'image médiatisée et l'influence exercée par la présentation des images sur ce que nous pensons et ce que nous croyons.Pourquoi cette mise en exergue? Parce qu'il n'y a rien de tout cela dans le dernier film de Brian DePalma. Dans Outrages, l'un de ses meilleurs films, le réalisateur racontait déjà l'implosion d'un petit groupe de soldats après les exactions commises par certains d'entre eux. Faisant curieusement office de doublon, Redacted entend ajouter à ces thèmes déjà traités une critique acerbe des dérives et des manipulations médiatiques. Or, à l'écran, que voit-on? Rien. Une juxtaposition de scènes mêlant esprit de caserne (magazines de cul et racisme ambiant) et voyeurisme avec une absence total de propos ou de point de vue. On en apprend beaucoup moins que dans le récent Battle for Haditha, un autre faux doc sur les ravages de la guerre et leur traitement dans les médias, pas franchement éblouissant mais en tout cas plus percutant.
Le film se concentre sur un petit groupe de soldats américains en garnison à un poste de contrôle en Irak. La succession de points de vue différents permet de confronter l'expérience de ces jeunes hommes sous pression, de journalistes et collaborateurs des médias avec celle de la communauté irakienne locale afin de faire la lumière sur les conséquences désastreuses que le conflit actuel et leur rencontre fortuite ont eues sur chacun d'eux.
Pire que sa vacuité totale, c'est la terrible complaisance d'un réalisateur plus frimeur que futé qui dérange. Filmant frontalement la fameuse scène dans laquelle les troufions tuent une famille d'irakiens avant de violer leur fille, DePalma semble prendre un véritable plaisir à reconstituer cet épisode sordide. Seul un snuff-movie pourrait être plus racoleur et nauséabond. Redacted confirme une nouvelle fois deux caractéristiques de son réalisateur : 1) depuis toujours, il est incroyablement surcoté (en comptant Mission : impossible, il a dû réaliser cinq films supportables au maximum) ; 2) il est également très borderline (dans le mauvais sens du terme), tant sur le plan de l'idéologie politique que dans sa vision de la sexualité et de la place de la femme. Fuyez à grandes enjambées et évitez la dernière catastrophe du Michel Sardou du cinéma.
1/10