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Narges Mohammadi, directrice exécutive du Centre de défense des droits humains (CDDH), a été condamnée le 27 septembre après avoir été reconnue coupable de propagande contre le régime et d'appartenance à une organisation dont l'objectif est de porter atteinte à la sécurité du pays. D'après le jugement rendu par un tribunal révolutionnaire, les activités pacifiques de Narges Mohammadi sont des "mensonges", son but réel étant de ternir la réputation de l'Iran.
Fondé par d'éminents avocats et militants iraniens, le CDDH est dirigé par la lauréate du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi, qui a déclaré à Amnesty International: "Malheureusement, le système judiciaire en Iran a perdu son indépendance pour devenir une marionnette des interrogateurs des services de renseignements. Toutes les activités de Narges Mohammadi visaient à défendre les droits fondamentaux et c'est ce qui a déclenché l'hostilité des services de sécurité. Elle est animée d'une conviction profonde dans son travail, mais le tribunal a ignoré sa défense et l'a condamnée à 11 ans de prison. C'est une sentence inique, qui va à l'encontre du droit relatif aux droits humains, mais aussi des lois iraniennes."
Amnesty International demande l'annulation de cette condamnation. Si Narges Mohammadi est incarcérée pour purger cette peine, elle la considèrera comme une prisonnière d'opinion. "Rien ne justifie que Narges Mohammadi, militante dévouée qui défend depuis longtemps les droits humains, soit en butte à un jugement aussi absurde en raison de son travail tout à fait légitime. Ce n'est pas Narges Mohammadi qui ternit l'image de l'Iran, mais bien les actions des forces de sécurité et les défaillances du système judiciaire", a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d'Amnesty International.
Deux autres cofondateurs du CDDH, Abdolfattah Soltani, arrêté le 12 septembre, et Mohammad Seyfzadeh, qui purge une peine de deux ans de prison pour son rôle dans la création de l'organisation, se trouvent également derrière les barreaux. Mohammad Ali Dadkhah, lui aussi cofondateur du CDDH, a été condamné à neuf ans de prison et à une amende, mais reste libre dans l'attente de son jugement en appel. Selon Shirin Ebadi, les agents des services de sécurité avaient déjà menacé d'infliger à Narges Mohammadi une condamnation aussi lourde que celle prononcée contre Nasrin Sotoudeh, éminente avocate, si elle ne cessait pas ses activités. Nasrin Sotoudeh, qui défend des militants des droits humains, purge une peine de six ans de prison en raison de son travail d'avocate, peine initialement fixée à 11 ans qui a été réduite en appel. Son époux Reza Khandan a été maintes fois interrogé au sujet de sa campagne de mobilisation en faveur de sa femme et a comparu le 28 septembre devant un tribunal dans la prison d'Evin.
Parmi les autres organisations qui subissent les pressions des autorités iraniennes figurent le Comité pour la défense des prisonniers politiques en Iran, les Défenseurs des droits humains en Iran et le Comité des reporters des droits humains, ainsi que celles qui œuvrent à la défense des droits des minorités.
* Narges Mohammadi fait campagne en faveur d'élections transparentes et de l'arrêt des exécutions de mineurs de moins de 18 ans. Elle est également cofondatrice du Conseil national pour la paix, qui vise à atténuer les tensions internationales autour de la politique nucléaire de l'Iran. Son travail au fil des ans lui a valu de se voir décerner plusieurs prix internationaux récompensant ceux qui œuvrent en faveur des droits humains. Cependant, elle a été frappée d'une interdiction de voyager lorsque son passeport lui a été confisqué en 2009. Elle s'est entretenue avec Amnesty International de ses problèmes de santé dus à ses séjours derrière les barreaux et a assuré que beaucoup d'autres Iraniens sortant de prison souffraient de graves problèmes médicaux. N'étant pas autorisée à voyager, elle n'a pu se déplacer afin de bénéficier des soins dont elle a besoin.
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