Le projet de réaménagement de la place du Château a été dévoilée. Quelle surprise n’a-t-il pas été de découvrir un lieu minéralisé, dépouillé de toute végétation. Non, que dis-je, le projet nous fait l’aumône de deux arbres ! Encore nous fait-on grâce de l’implantation de spécimens d’une « certaine envergure », pas dit que deux bonsaïs feraient une grande différence sur ces dimensions.
Nous avons aujourd’hui besoin d’espaces qui invitent à la rencontre. On nous parle d’harmonie, d’un principe de composition basé sur l’utilisation du nombre d’Or, de lignes qui se croisent, …Mais où est pris en compte l’être humain dans cet ensemble ? Sommes-nous une pièce rapportée, un élément polluant d’une surface rendue aux édifices l’enserrant ?
Une rhétorique stylistique qui se pose au vu du résultat. On nous installe une zone à l’esprit minimaliste, dotée de quelques socles pour que le passant puisse s’asseoir et contempler nos monuments à l’ombre d’une défunte végétation.
Notre cathédrale, « Prodige du gigantesque et du délicat » selon Victor Hugo, ne mérite-t-elle pas mieux que de voir s’étaler à ses pieds un espace froid, un lieu où l’homme n’est nullement invité à l’échange ? Nos places doivent retrouver un rôle d’agora, ne les abandonnons pas à une muséification stérile.
Autre étonnement, certaines vues nous montrent incluant une terrasse pour un café. Un petit bout de la zone rendu à la vie de tous les jours ! Petit hic, selon notre maire, ce type d’implantation ne peut se réaliser qu’au niveau du bâtiment de la Poste et il n’y a pas de projet de ce type pour le moment... Case départ, retour à une plate-forme laissée aux seuls regards de nos monuments.
Il est vrai que la municipalité n’est pas seule responsable de ce projet, l’architecte des Bâtiments de France impose un espace dégagé, soit. Mais il est le défenseur de la pierre, là où la municipalité se doit de se faire porte-parole des vivants. Le pouvoir politique doit se battre pour rendre aux Strasbourgeois ce qui appartient aux Strasbourgeois.