La vie est courte et l’on a peu de temps devant soi. On a même peu de temps pour discourir sur le temps qui passe. D’ailleurs parler et réfléchir serait perdre son temps. Mieux vaut aller de l’avant et vivre.
Mais vivre sans penser est un peu ridicule, cependant. Parfois, il faut savoir s’arrêter et prendre son temps, afin de comprendre que le temps passe inexorablement et qu’il nous faut aller bien vite à l’essentiel. Il n’y a pas de temps à perdre, en quelque sorte !
Mais cet essentiel, dans notre vie, consiste en quoi, finalement ?
Une course contre le temps, sans doute. Parvenir à s’affirmer et à exprimer ce que l’on est vraiment. Dans l’absolu, autrement dit hors du temps. « Tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change » disait un poète. Il y a très longtemps. Mais lui, il se situait à la fin de la partie, quand la vie s’est arrêtée. Moi je parle de maintenant, de l’instant présent. Je regarde le grand cadran et je vois les aiguilles qui défilent. Elles repassent au même endroit dix fois, vingt fois, mille fois et il ne s’est rien passé. Je n’ai rien fait d’autre que de regarder la fuite du temps. Ce n’est pas malin, j’ai perdu mon temps. Les autres, eux, ne pensent pas au temps qui fuit, mais ils agissent. Ils agissent comme s’ils devaient être immortels et ne se soucient pas du temps. Ou alors de temps en temps, sans plus. Ils agissent, s’enrichissent et sont tout contents. Ils n’ont peut-être pas tort, tant qu’à faire.
Moi, en attendant, je reste des heures à contempler la fuite du temps. Je ne suis pas plus bête pour autant. Je ne fais rien, mais je sais. Je sais qu’un jour ce sera la dernière heure. Et je me dirai que j’aurai perdu mon temps.
Alors il sera trop tard.
Vulnerant Omnes, Ultima Necat.