Paracuellos de Carlos Giménez, Fauve d'Angoulême 2010, ma BD du mercredi.

Par Mango

C’est un volume de poids, 1Kg5 !
C’est un chef d’œuvre aussi, choisi pour la couverture que je trouve très réussie et qui, en définitive, résume bien le thème des historiettes regroupées ici,  tour à tour drôles et  caricaturales pour la forme et très émouvantes dans leur propos.C’est un regroupement de récits qui évoquent les souvenirs de l’auteur lorsqu’il vivait, de 6 à 14 ans,  dans un orphelinat espagnol très rigoureux géré par des religieux et des militaires dans l’Espagne franquiste de l’après guerre. L’auteur, très connu et célèbre dans son pays, témoigne ainsi de la maltraitance subie quotidiennement par les enfants dans les nombreuses  institutions de ce genre pendant cette période des années cinquante. Privés de tout et surtout de livres, Giménez et ses amis ne rêvaient que de BD  et de dessins. C’est ainsi qu’il est devenu  l’un des meilleurs dessinateurs espagnols.Pour dénoncer le sadisme et la sottise des gardiens,  plus instructeurs qu’éducateurs, c’est le rire, l’humour, la caricature qui sont utilisés,  plus férocement dénonciateurs que la plainte et l’apitoiement. On rit du ridicule et de l’excès dans l’hypocrisie,  la méchanceté   et la médiocrité de ces marionnettes à la solde d’un régime intolérant.  Gotlib écrit dans sa préface :«De chaque événement qui l’a marqué, aussi infime soit-il, de chaque anecdote ou mésaventure, vécus en ces verts paradis, il a tiré des pages bourrées de gags désopilants à se taper la tête contre le mur et à mouiller son froc de rire.»Gotlib insiste sur le côté comique mais il y a des pages entières où j’ai eu envie de pleurer comme lorsque l’un de ses frères aînés vient voir le benjamin si fragile, si seul, si malheureux au milieu de la grande cour déserte. Il lui apporte une tortilla, un stylo et des nouvelles de leur mère  toujours au sanatorium et lui annonce son  départ pour cinq ans comme apprenti dans l’aviation. A peine arrivé, il lui faut repartir car il  y a vingt kilomètres  du pensionnat à Madrid, à faire à vélo avec une jambe handicapée par la polio. L’enfant Carlos reste là, muet,  serrant  ses petits paquets. Il hurle le nom de son frère, plus seul que jamais. Il a six ans !   J’ai beaucoup, beaucoup, beaucoup aimé! Paracuellos de Carlo GiménezÉdition intégrale,  (Fluide glacial, 2009, 303 pages)Prix du Patrimoine du festival d'Angoulême 2010 Planches de chez BDthèque


Participent aux BD du mercredi: 
Arsenul,  Benjamin Choco, Chrys, Delphine,  Didi, Dolly,  Emmyne,  Estellecalim, HildeHérisson08, Irrégulière,Jérôme,   KikineLa ronde-des-post-it Lire pour le plaisir, Lou, Lounima, Lystig,Mango Manu,  MargotteMarguerite,  Mathilde,Moka Mo',Noukette, Pascale,   Sandrounette, Sara, Soukee, TheomaValérie,  Vero, Wens,Yaneck, Yoshi73Yvan,Mr Zombi,   32 octobre,
  Je participe aussi au challenge BD Pal sèches  de Mo', au Top BDde Yaneck. (Note: 18,5 /20)Fauve d'Angoulême 2010. Prix du patrimoine Roaarrr Challenge de Mo'