« L’Asie … L’Inde … Mother India … »
«-Dit donc Jeff , ne seriez-vous (je fus marié une première fois avec une femme française) pas intéressés de venir avec moi au Népal puis pourquoi pas , prolonger
-Quelle question ! Oui , trois fois oui ! Je répondais , heureux .
Enfin le rêve devenait réalité !
J' avais grandi et j'avais commencé un travail lucratif (qui me permettrait d'ailleurs de vivre en ISAN plus tard jusqu'à aujourd'hui). Ce qui était un rêve d'adolescent , de voyager vers l'Asie , se présentait tel un cadeau ! En plus , mon ami avait déjà passé son examen de « premier voyage en Inde ». On avait donc notre parrain pour la découverte du pays des sadhus et autres gurus , que du bonheur ! J'avais beau en avoir rêver mais devant le fait accompli , j'avais des lors une petite appréhension de partie loin , c’était la vraie première fois ! Les seuls voyages où je m’étais risqué , étant les Antilles (pour travailler , ce n’était pas la même chose , et puis St Martin et Saint Barthélemy ( Saint Barth... avec l'accent trainant comme il faut le dire quand on y est) , c'est loin d’être l'Asie , c'est un gros bout de France , coloré certes , mais la France tout de même ! J'avais aussi traversé du nord au sud l'Italie , le Portugal et le Maroc jusqu'à Tan Tan au volant d'un Ford Transit rallongé double essieu déglingué. On peut donc dire que ce n’était pas du tout la même chose que de se perdre le long du Gange ou de la rivière Yamuna ! Alors cette proposition , me permettrait de faire le grand saut vers l'inconnu , avec , n'oublions pas , un parrain qui atténuerait cette légère angoisse du premier grand et vrai voyage , du premier départ vers l'autre bout du globe!
Mon ami , guide de rivière et de montagne ( nous avons passé notre jeunesse tous les deux en Basse-Bretagne puis nous étions partis habiter et travailler au même endroit , dans les Hautes-Alpes) organisait donc son premier voyage et quelques clients potentiels avaient payé pour s’éclater( le sport , la nature... Etcétéra...), découvrir le Népal et pour palier à deux désistements , deux potes comme nous(moi et ma future ex), non sportifs mais motivés feraient bien l'affaire. Nous en étions ravis...On partait pour notre premier grand voyage , presque tout un hiver...
Programme : Népal avec descente en raft de la rivière Trisuli puis Trek autour des Annapurna (un classique à entendre mon ami) avec un départ et une arrivée à Pokara puis retour à Katmandou , le groupe client partirait (ils avaient du travail , et à peine un mois de vacances) et nous(mon ami,ma future ex et moi) irions en Inde...Nous rejoindrions Delhi puis irions marcher le long des sources du Gange en passant par Haridwar , Rishikesh, Devprayag , Rutraprayag et plus si nous le pouvions , jusqu'à l'une des sources du fleuve sacré si c’était possible . Ensuite , je rappelle que cela était un programme théorique , mon ami retournerait chercher sa famille (sa femme et ses deux petites filles) à Delhi . Nous , nous irions vers la mythique Bénarès (Varanasi ou l'ancienne Kashi en Sanskrit) et nous nous rejoindrions du coté de Konarak en Orissa,visiter un BABA/SADHU et « baptiser » la plus jeune des filles de mon ami . Konark (on peut le dire aussi ainsi) , où se trouve un temple magnifique , le temple de Surya (le dieu Soleil) , se trouvait juste après Bhubaneshwar et à 30 Kilomètres au nord de Puri , autre destination réputée « baba cool » par excellence !
Nous étions donc au début du mois de novembre 1991 sur les dalles de l’aérogare de Roissy pour nous envoler vers Katmandou via Dakha au Bangladesh grâce à la compagnie Biman airlines , la compagnie aérienne de l’état du Bangladesh !
Je n'avais pris l'avion qu'à quelques reprises et cet avion qui s’avérait être un DC 10 (je crois , si je me souviens bien) me parut tout à fait en bon état de voler. Je ne
Cela ne s'est pas du tout passer comme c'était prévu. L'avion pour le Népal était beaucoup plus petit que l'avion avec lequel nous venions de traverser une partie du globe . Un bus pourri (vraiment pourri de marque TATA) nous attendait en bas de l'escalier-passerelle de l'avion pour nous emmener devant les portes de l’aérogare à ...50 mètres. Nous fûmes invités dans le restaurant , tout neuf , de l’aéroport lui aussi très récent , enfin de caractère moderne, dirons-nous . Par rapport à Roissy( mais à l’époque , je ne connaissais que celui-ci comme aéroport international) , l’activité était plutôt calme , en fait elle était totalement inexistante . Un seul petit avion était à coté du gros que nous venions de quitter. C’était notre avion pour la capitale népalaise. On nous installait donc au restaurant avec vue sur les pistes(la piste) et on nous servit à manger(encore...) et puis les heures défilèrent et nous avions théoriquement raté notre correspondance pour Katmandou ! Au bout d'un certain temps , un petit mec moustachu surmonté de cheveux crépus d'un noir profond , affublé de Rayban et d'une chemise au couleur de la compagnie d'aviation locale vint et commença à nous expliquer que nous ne pourrions pas
Nous nous sommes donc retrouvés une petite centaine(tout de même) à devoir passer la nuit à Dakha. Le petit homme grassouillet aux cheveux crépus et porteur de Rayban qui apparemment ce jour là , était le chef de la compagnie , nous invita à retourner sur le tarmac(à pied du coup)sous les ailes de l'avion récupérer nos bagages , ce que nous fîmes dans un joyeux bordel...
On était au Bangladesh et cette désorganisation était normale à en entendre certains !(les mêmes personnes arrogantes que l'on croise trop souvent dans le monde entier montrant leur supériorité évidente de citoyens issus d'anciennes puissances coloniales)
On voulut réintégrer l’aérogare et là, le petit gros à moustache qui commençait à transpirer comme une bête nous demanda nos passeports : « no visa , no visa », après hésitation on les lui donna et on nous fit grimper dans deux bus TATA(en fait , un de ces bus était le même avec qui nous avions parcouru les 50 mètres de l'avion à l’entrée de l’aéroport quelques heures auparavant) qui me parurent en piteux état, vibrant de partout , sans vitre(je remarquerais plus tard que tous les bus(à l’époque)n'avait pas de vitre) mais par contre ces ouvertures étaient ornées de grilles , ce qui donnaient aux bus une allure de fourgons cellulaires. On nous dit aussi de prendre nos sacs avec nous , dans les soutes du bus ce n’était pas possible !(les coffres , soit ne s'ouvraient plus ou un fois ouverts ne fermeraient plus , donc tous les sacs dans la carlingue...avec nous) Je rappelle que nous partions en expédition avec un rafting,des pagaies,deux « airboat »(canoë biplace gonflable),des casques,des rations de survie et puis nos énormes sacs à dos remplis de plus de la moitié de choses inutiles , enfin qui s’avèreraient inutiles mais qui au moment de confectionner ces fameux sacs nous paraissaient alors primordiales , essentielles . L’européen riche , même moins riche , disons l'occidental qui voyage et qui va vers l'inconnu , a besoin de voyager avec un peu de la sécurité de sa terre natale qui alors se matérialise par le cumul de biens inutiles entassés dans son sac. Enfin , les deux bus partirent dans un bruit fracassant , chaque vitesse passée craquait et paraissait totalement grippée(je venais de passer mon permis transport en commun , alors je regardais tout ça en expert...Quel français je fais , des fois !) . Enfin nous partions et nous allions traverser toute la ville avant de rejoindre l’hôtel où nous passerions la nuit.
[fin de la première partie]