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La projection de Peter/Gall, carthographie partie 2
Publié le 04 octobre 2011 par Busuainn_ezilebay @BusuaInn_EzileDans un précédent article, j'ai évoqué "l'ancêtre" de la cartographie et sa fameuse projection dite de Mercator et une des plus vieille carte du monde connue, aujourd'hui, je vais aborder les projections de Peters/Gall.
La projection de Peters / Gall
La projection cartographique, du révérend écossais James Gall (1855), est à l’inverse de Mercator, dite « équivalente », c'est-à-dire qu’elle respecte les surfaces. C’est à partir de ce moment où l’aspect construit de la carte est mis en avant.
Les différentes idéologies du 20ème siècle vont s’emparer de cet aspect. Ainsi, le cartographe allemand, Arno Peters, reprend bien plus tard la projection de Gall pour soutenir le mouvement tiers-mondiste des années 1960-70.
En 1973, Peters critique la projection de Mercator en montrant comment cette projection surreprésente les surfaces des pays riches au détriment des pays pauvres.
En proposant une nouvelle projection avec un décalage de 45° vers le sud, tout en gardant les latitudes, il redonne une plus grande importance aux superficies des pays du sud et des continents africain et sud américains notamment, et par la même entend rappeler la réelle superficie que représentent ces pays, ces continents et, ce faisant, le poids du Tiers-monde.Ainsi, au regard de cette projection, ce n'est pas une illusion, le continent africain est immense, et l'Amérique du Sud (17 840 000 km²) regagne l'importance qu'une carte avec une projection de type Mercator lui fait "perdre" par rapport à l'Amérique du Nord (22 080 000 km²).
En attirant l’attention sur la représentation injuste de la plupart des pays dits du Tiers-monde, selon la terminologie en vogue à l'époque, Peters soulève un vrai question et montre que le choix d'un type de projection n'est pas neutre, qu'il influe sur la représentation du monde que se font les gens lorsqu'ils regardent les cartes, comme l'a démontré, de manière éclatante, Kai Krause.
Cependant, les cartes avec la projection de Peter ne sont finalement pas plus justes, au sens de l’analyse cartographique, que la projection Mercator. Arno Peters a créé une projection qui rend à chaque état son importance territoriale. Elle propose une vision où les proportions des surfaces de chaque pays sont enfin exactes (les longueurs sont du coup modifiées ce qui donne un aspect surprenant aux continents). L’équateur se situe au milieu de cette carte, il découpe ainsi le monde en 2 hémisphères de même taille.Cette projection de Peters est particulièrement intéressante car elle nous oblige à reconsidérer notre conception de l’importance de chaque pays et ainsi des rapports entre les peuples.
Elles présentent l’inconvénient d’écraser les distances et les directions, de même que les surfaces perçues des pays en direction des pôles.
Mais, le message principal de Peters se situe davantage sur le terrain des idées et illustre bien l'idée selon laquelle le choix d'un type de projection influe sur la représentation qu'on peut se faire de la réalité du monde, des continents et des pays.
La projection Fuller
Dans un autre esprit, l’architecte américain Robert Buckminster Fuller proposa, en 1954, une projection à très faible déformation (elle déforme un peu les angles et peu les surfaces, sorte de "3ème voie" en matière de système de projection).
Elle repose sur le découpage du globe en 20 triangles que l’on déplie ensuite afin de véhiculer l’idée optimiste et généreuse d’un monde unifié, d’un seul tenant, comme une île dans un océan.
Il faut bien garder à l’esprit que les projections cartographiques, quelles qu’elles soient, déforment 5 groupes de paramètres géographique, à savoir :
Les superficies
Les angles
Les contours généraux
Les distances
Les directions.
Toutes ces modifications et déformations plus ou moins voulues engendrent des représenta-
tions différentes du monde, de l’espace et de la réalité. Avec ces déformations les cartes et leur système de projection du monde donnent à lire des idéologies, des projets différents, concurrents, contraires.
La projection de Fuller, une lecture universelle du monde ?
Dans la recherche d’une carte représentant la Terre, qui à la fois conserverait les proportions des continents tout autant que leurs formes connues, tout en parvenant à passer de la représentation du globe terrestre à une surface plane, il semble que cela soit la projection de Fuller qui s'en rapproche le plus.
La projection de Fuller a été créée par Richard Buckminster Fuller en 1954. Elle est appelée Dymaction map (in english) contraction de dynamic maxium tension.
En suivant ce lien, vous trouverez plus d'information sur Fuller.
Fuller à eu recours à une forme géométrique en 3 dimension (un polyèdre) : l’icosaèdre, qui est un polyèdre à 20 faces. Ces 20 faces deviennent des triangles sur lesquels Fuller a projeté 20 morceaux de Terre, qui de cette manière ont subit très peu de distorsion. Ce planisphère implique une perception de lecture universelle, sans hiérarchisation des terres émergées.
Il y a donc un traitement à égalité (cartographique, seulement !) dans cette projection.
. Ni le Nord ni Sud, donc ni le haut ni le bas, n’existent sur cette carte. Les repères cardinaux utilisées sur la majorité des cartes viennent d’une création des cartographes européens, et qui ont notamment décidé que le Nord serait en haut. Dans l’inconscient, le haut est associé au mieux, en position de supériorité par rapport au bas.
Cette perception a d'ailleurs conduit au changement des noms des départements français qui comprenaient "hauts" ou "bas" dans leur appellation. A la différence des autres, la projection Fuller n'indique donc pas de sens de lecture.
Cette carte, issue d’un travail à partir d’images satellites, unifie tous les pays en une seule île au milieu d’un vaste océan. Selon l’auteur « Ce planisphère rassemble tous les continents dans un ensemble sans discontinuité comme les astronautes peuvent voir la Terre de leur vaisseaux spatiaux. Il aide les hommes à prendre conscience que la planète est un système interdépendant ».