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Shaquille O'Neal, sa vie, son oeuvre (8)

Publié le 04 octobre 2011 par Insidebasket @insidebasket

Shaquille O'Neal, sa vie, son oeuvre (8)


Si l'intersaison 2011 sera marquée par le lock-out, elle sera avant tout marquée par la retraite d'un géant, d'une légende de notre jeu. Après 19 ans dans la ligue, Shaquille O'Neal a décidé de se retirer des parquets en laissant un énorme vide, mais surtout une carrière marquée par les exploits. InsideBasket vous propose un voyage initiatique à travers le fructueux parcours de basketteur du "Big Fella". Bonne retraite Shaq...
(Retrouvez ici l'épisode précédent).
L'été 2002 s'annonce difficile pour Shaquille O'Neal. Constamment tiraillé par ses douleurs aux orteils pendant les playoffs, il décide finalement de se faire opérer. Mais tardivement, ce qui va lui coûter les premières semaines de la saison régulière.
"Je dois vous avouer que j'ai la trouille. Certaines nuits, j'y pense tellement que ça m'empêche dormir. Je ne veux blesser personne, mais je n'ai pas envie de passer le reste de mes jours à marcher comme Bill Walton (l'ancien champion NBA a été victime de divers pépins tout au long de sa carrière). J'ai du attendre parce que les trois médecins que j'ai vus avaient des avis différents. Je ne pouvais pas me permettre de prendre des risques. La saison à venir est la plus importante pour nous. Phil a quelque chose à prouver cette année, tout comme Kobe et moi, et je veux être là. Je ne peux pas me permettre de laisser les Sacramento Kings et les Yao Ming de la ligue voir que j'ai mal. Je vais revenir motivé et déterminé comme jamais. Je vais me remettre dans l'état dans lequel j'étais quand je n'avais pas encore gagné de titre.
Mais quand je demande aux docteurs si l'opération va arrêter la douleur, ils me disent que ce n'est pas sur.
Pendant les playoffs, la douleur était vraiment devenue insupportable. Et ce qu'il y avait de plus effrayant, c'est que je commençais à devenir accroc aux anti-inflammatoires. À chaque fois que je n'en prenais pas, je faisais un mauvais match."

Le géant a-t-il trouvé son véritable talon d’Achille ? Toujours est-il que la résistance s'organise pour contrer les Lakers. Sacramento et San Antonio, entre autres, affinent leurs effectifs pour aller à la chasse à l'ogre Californien. Shaq, lui, travaille pour revenir le plus rapidement possible. Mais il a repris la course sans le consentement des médecins et se retrouve avec de grosse douleurs sur ses orteils meurtris. Pas vraiment un bon calcul. Il manquera bien les premières joutes de cette saison 2002-2003. Il est pourtant motivé comme rarement.
"Ça va être une grande année. J'attends avec impatience de retrouver les Sacramento Queens..."

Le duel est lancé. Et bien lancé. Dès la présaison, leur première rencontre tourne à la bataille organisée entre Rick Fox et Doug Christie qui s'échangent des amabilités d'un peu trop près. Shaq interviendra pour séparer les belligérants. Sans lui, les Lakers reprennent la saison. Et, comme prévu, les champions en titre souffrent. Deux défaites initiales (une première depuis 1990) et les premières questions se posent. Kobe Bryant termine à 9/29 aux tirs en ouverture, ce qui a le don d'énerver Tex Winter, éternel assistant de Phil Jackson : "Tu as joué stupidement !". Kobe répondra illico : "Et vous, vous avez coaché stupidement !". Bryant, le jeune prétentieux est de retour. Il aura beau jouer les sauveurs (deux triple-doubles de suite) pour lancer la machine, il a repris ses mauvaises habitudes, usant et abusant du shoot. Quelques jours plus tard, il enverra 47 tirs contre Boston, dans une défaite ! Mais en l'absence de Shaq, les Lakers ne jouent pas vraiment comme ils le souhaiteraient.
Il est bien revenu à l'entraînement, mais affublé de vernis vert sur l'ongle de son orteil meurtri.
"C'est le vert de l'argent, parce que le money time approche. De toutes façons, vous saurez bien quand je serais vraiment de retour. Le monde entier le saura et vous subirez la colère de Shaq."

Mais son retour sur le parquet est différé.
"Je veux pouvoir être le vrai Shaquille O'Neal. Pour l'instant, j'ai encore mal, mais avec un peu de chance, je pourrais revenir d'ici une ou deux semaines.
Comme David Stern laisse le reste de la ligue me traiter comme si j'étais un catcheur, ça veut dire qu'il faut que j'ai l'air d'un catcheur. Sérieux. Je suis le meilleur basketteur de la WWF. Je vais devenir vraiment balèze et vraiment fort. Je vais devenir "l'undertaker" de cette ligue."

Alors les Lakers font le dos rond, difficilement (3-9 sans Shaq). Jusqu'au 22 novembre où le Big Shaq Daddy fait son grand retour. 17pts et 7rbds en 21 minutes contre Chicago pour son premier match et deux victoires de suite pour les Lakers. Mais le cœur n'y est pas. Les Angelinos pédalent dans la semoule, et après une performance insipide à Utah (8/23), Shaq est la cible des critiques. Jerry Sloan, l'emblématique coach du Jazz met le doigt dessus.
"Shaq n'est pas Shaq en ce moment et je pense que tout le monde l'a remarqué."

Shaq, lui, préfère se concentrer sur les autres.
"Nous jouons comme lorsque Dell Harris était là. Sans énergie.
Est-ce que je touche assez le ballon ? Non. Est-ce notre problème en ce moment ? Oui. A-t-on l'effectif dont on a besoin ? No comment. Moi je n'ai besoin d'avoir avec moi que 8 joueurs qui ont envie de jouer. Parfois j'ai l'impression que c'est le cas, d'autres fois, non. Les types qui ne savent pas ce qu'ils font sur un terrain n'ont rien à faire là."

Le premier vrai tournant de la saison des Lakers interviendra finalement le 6 décembre 2002. Dallas se présente au Staples Center, avec ses 15 victoires de suite au début de la saison, et son air menaçant. Les Mavs fanfaronnent et mènent de 27 points avant le dernier quart-temps. Les Lakers vont alors réaliser un des plus gros come-back de l'histoire en remportant cette dernière période 44-15 ! La saison des Angelinos est lancée. Heureusement car se profile le jour de Noël la "revanche" contre les Kings.
"Ils aiment bien parler, mais ils agissent peu. Ils nous avaient mis en joue, mais durant ce Game 7, Doug ne mettait pas un tir, Chris ne voulait surtout pas à en prendre, Vlade avait fait en sorte de sortir pour 6 fautes et Scott Pollard ne sait pas jouer de toutes façons."

La réponse sera cinglante. Les Kings s'imposent sans coup férir à Los Angeles, mettant en exergue les difficultés des Lakers. Et les difficultés de Shaq. Pire, il est même évincé du 5 de départ de la conférence Ouest pour le All-Star Game par le massif vote des Chinois en faveur de Yao Ming...
"Dites à Yao : ching, chong yang wah ah so."

Cette tentative d'humour mal placée sera mal perçue dans l'Empire du milieu. S'il se répandra en excuses, Big Shaq ne sera donc que remplaçant pour l'événement de la mi-saison. Le premier affrontement entre les deux géants aura lieu d'ailleurs peu de temps avant ce All-Star. O'Neal a, certes, dominé Yao aux stats, mais c'est bien Houston qui repart avec la victoire.
Mais Shaq prendra son rôle très au sérieux au All-Star Game, délivrant son show habituel, avec 19 points et 13 rebonds, et surtout une grosse dose d'humour avec ses dribbles entre les jambes, où en jouant en position de meneur de jeu. La star de la soirée reste, cependant, Michael Jordan qui fêtait ici sa dernière apparition au match des étoiles.
Le retour au quotidien sera difficile pour les Lakers. Il faut un Kobe Bryant stratosphérique pour engranger quelques victoires.
"C'est le "Little Historic". Il est petit et il est en train d'écrire l'histoire."

Shaq va petit à petit retrouver un bon niveau, malgré tout. 40pts et 14rbds contre Minnesota, 42pts contre les Clippers ou encore 48pts et 20rbds en 39 minutes contre Boston !!
"Nous sommes la meilleure équipe de la NBA. Notre défense est bonne et nous faisons circuler la balle. Il faut simplement que nous gagnions en constance."

Un événement marquant va d'ailleurs se produire. Shaq dépasse la barre symbolique des 20 000 points en carrière lors d'une défaite à... Sacramento. Ce qui aurait pu être une fête tourne au règlement de comptes lorsque Shaq reçoit le ballon en cadeau, comme le veut la tradition. Sauf qu'un fan des Kings n'a rien trouvé de mieux que d'y inscrire des insultes au préalable. Un geste que Shaq a très modérément apprécié.
"J'espère que la famille Maloof condamne cet acte. Je ne vais pas rendre la ville de Sacramento responsable, mais celui qui a fait ça n'a aucune classe. Je leur ai dit de garder ce ballon, je n'en veux pas. C'est quelque chose que je n'oublierais pas et on se reverra bientôt."

La tension entre les deux clubs est à son maximum. Les Lakers termineront finalement la saison régulière avec un bilan de 50 victoires, pour 32 défaites. De loin, le plus mauvais depuis 1995, soit avant l'arrivée de Shaq ! Le Big Daddy s'en sort, lui, avec des moyennes de 27.5pts, 11.1rbds et 2.4ctres par match. juste de quoi glaner un spot dans la All-NBA First Team et un dans la All-NBA Second Defensive Team.
Les Lakers ne sont, cependant, que 5èmes à l'Ouest et devront survivre sans l'avantage du terrain.
Mais les Lakers restent les Lakers. Les Minnesota Timberwolves sont soufflés dès le Game 1 à la maison.
"Je ne vois pas de problèmes à ne pas avoir l'avantage du terrain. Je n'ai jamais vu de fans hurlant assez fort pour contrer mes shoots."

Kobe Bryant résume parfaitement l'état d'esprit de cette équipe. Shaq envoie 32pts, 10rbds et 5ctres. Les playoffs sont bien lancés. Minnesota se rebiffera et prendra quand même deux matchs (c'est la première année que le premier tour passe en 7 manches) mais les Lakers passent sans trop de frayeur avec un énorme Game 4 de Shaq le glouton (34pts 23rbds et 6pds).
"J'avais dit aux gars avant le match : donnez-moi la balle et poussez-vous. Il faut simplement que j'aie la balle dans une position où je puisse en faire quelque chose. Dès que je suis démarqué, je veux avoir le ballon."

Passé cet apéritif, les Lakers voient se dresser pour la 4ème fois en 5 ans, les Spurs de San Antonio.
"Nous allons jouer un autre intérieur dominant. Il fera ses stats. Il nous faudra simplement arrêter tous les autres. Je ne suis pas inquiet du tout parce que lorsque nous avons perdu des matchs au tour précédent, nous étions les seuls responsables. L'équipe d'en face n'avait rien à voir."

Shaquille O'Neal se pourlèche les babines d'avance de cet affrontement, lui qui entretient une petite "guéguerre" avec David Robinson depuis si longtemps. Le titre de MVP donné à Tim Duncan a aussi énervé le Big Daddy qui s'estime gagnant tous les ans. Le duel s'annonce énorme. Et il le sera.
Shaquille O'Neal, sa vie, son oeuvre (8)
San Antonio empoche les deux premières manches à domicile avec la révélation d'un talent hors norme, celui de Manu Ginobili, encore rookie. Shaq est bon (24pts, 21rbds et 4ctres au Game 1) mais est limité au niveau de ses tirs tentés (seulement 14 au second match). LA se relèvera et égalisera au Staples Center, mais, cette fois, la marche sera trop haute.
Les Spurs reprennent l'avantage au Game 5 puis viennent triompher au Staples Center. Shaq a fait ce qu'il a pu (31pts et 10rbds) mais Tim Duncan, magistral (37pts et 16rbds), et Tony Parker (27pts) étaient trop forts. La fin du règne des Lakers est prononcé. Comme un symbole, l'exécuteur Robert Horry (2/38 à 3pts en playoffs cette année-là) manque le tir de la victoire. Les Spurs remporteront finalement le titre.
Shaq, passablement échaudé par cette fin de série, se fait discret. Il sèchera même le traditionnel entretien de fin de saison avec Phil Jackson. Mais en coulisses, la franchise s'active. Deux objectifs : Gary Payton et Karl Malone. Deux légendes, toujours à la recherche d'une bague et prêtes à baisser sensiblement leur salaire pour former un Big Four d'anthologie. Les deux hommes n'hésiteront pas longtemps.
Les Lakers redeviennent instantanément les grands favoris de la saison 2003-2004. Shaq, lui, préfère travailler de son côté. Les remarques incessantes sur son état de forme douteux et son surpoids (il avoisinerait les 170kg...) l'agace au plus haut point. Tandis que les Lakers sont pris dans la tourmente par l'affaire du "viol" de Kobe Bryant, Shaq positive avant cette nouvelle saison.
"Ce genre de climat peut tout à fait détruire une équipe. Mais je pense que le fait d'avoir récupéré deux vétérans qui ont faim de titre ne peut nous faire que du bien dans ce contexte. Je sais que cette situation ne gênera pas Gary et Karl. Cela ne me gênera pas non plus."

Shaq, lui, affiche une superbe forme à l'orée de cette saison de reconquête. On l'annonce maintenant autour des 155kg.
"Si je redescendais autour des 145 ou 150, je ne pourrais pas supporter le traitement que je subis sur les parquets. Quand je faisais ce poids-là, je n'avais pas de titre. Nous avons tous faim cette année."

Mais les différents entre Shaq et Kobe ne tardent pas à refaire surface. Bryant traverse une passe difficile, et a mal pris une remarque de Shaq dans les journaux ("Kobe devrait probablement se concentrer sur les passes en attendant d'avoir retrouvé ses jambes.").
"Je n'ai certainement pas besoin qu'on me dise comment jouer mon jeu. Je sais comment je dois jouer à l'arrière, qu'il se concentre sur le jeu intérieur."

La réponse de Shaq sera cinglante.
"En ce début de saison, nous voulons bien faire les choses. Si ça ne lui plaît pas, il n'aura qu'à partir l'été prochain. Tant que ce sera mon équipe, je continuerai à dire ce que je pense. Si ça ne lui plaît pas, qu'il se barre. Vous, les médias, voudriez peut-être lui donner l'équipe, comme vous lui avez tout donné depuis le début, mais c'est mon navire. Demandez à Karl et à Gary pourquoi ils sont venus. Ils ne vous citeront qu'un seul joueur, pas deux."

Le ton est donné... Et pourtant la joute verbale n'est pas terminée.
"Shaq n'est pas mon grand frère. un grand frère m'aurait appelé durant l'été. Or, je n'ai aucune nouvelle. Si je décidais de quitter les Lakers à la fin de l'été prochain, ça serait en grande partie à cause de la puérilité, l'égoïsme et la jalousie de Shaq."

La petite guerre prendra fin (ou se mettra en pause plutôt) après l'intervention de Karl Malone. Les Lakers possèdent un effectif hors norme et beaucoup pensent que la guerre des égos entre les 4 fantastiques coûtera une bonne saison aux Lakers. Il semblerait pourtant que les seules rancœurs visibles, soient celles entre les deux "historiques" de la franchise.
Pourtant les Lakers vont attaquer cette nouvelle saison pied au plancher. 5 victoires pour commencer dont une probante en prolongation à San Antonio (35pts, 20rbds, 6pds et 5ctres pour Shaq). Ils dominent la ligue et impressionnent grandement en alignant 9 victoires d'affilée pendant l'automne. Shaq affiche une grande forme, et revient à des fondamentaux plus défensifs. Au cours d'un match face aux Spurs, il contrera 9 tirs !
"Souvenez-vous que j'ai été meilleur contreur NCAA..."

La presse s'emballe. Les Lakers sont les favoris numéro 1 pour le titre et peuvent même briguer le titre de meilleure équipe de l'histoire. Comme souvent, cette thèse sera démentie dès que les choses vont se gâter. Shaq va connaître quelques pépins physiques et ce sont tous les Lakers qui toussent. Mais il sera bien de retour pour l'événement de la mi-saison. Même s'il fut encore devancé par Yao Ming au vote populaire, Shaq veut être la star, chez lui, à Los Angeles. Entre les blessures, Kobe Bryant, et l'avenir de cette équipe, les sujets de discussions ne manquent pas.
Sur le terrain, il sera également la star. On lui fournit les ballons à n'en plus finir. Avec 24 points et 11 rebonds en seulement 24 minutes, et quelques pitreries dont lui seul à le secret, il rafle le titre de MVP, son second du genre.
Les Lakers reprennent tranquillement le cours de leur saison en récupérant petit à petit les blessés. Mais plus que la saison en cours, les médias préfèrent s'intéresser à ce qu'il se passera cet été. Kobe ne devrait pas re-signer aux Lakers qui ne souhaiteraient pas non plus prolonger Phil Jackson. Ce qui a le don d'énerver Shaq.
"Phil est le type qui m'a permis d'atteindre le plus haut niveau. Personne d'autre que lui ne peut réussir à me faire jouer aussi bien. même si nous perdions 15 matchs d'affilée, Phil garderait toute ma confiance. Je suis le général de mon armée et je ne pourrais pas servir un autre président. Donc s'il part, je pars.
Je peux certainement gagner 50 ou 60 matchs tout seul. Mais pour jouer le titre, j'ai besoin de types comme Kobe avec moi. Je le sais et je n'ai pas honte de le dire."

Shaq cumule de bons chiffres avec des pointes qui nous étonnent toujours comme ce 27 points et 23 rebonds passé au Magic, ou encore cet incroyable 31 points à 14/16 aux tirs, 26 rebonds et 7 contres asséné à la pauvre équipe des Bucks !! Ils terminent avec un bilan moyen de 56 victoires et 26 défaites. Shaq, lui, cumule 21.5pts et 11.5rbds, soit une moyenne de point qui a flanché de plus de 6 unités en moyenne, ce qui ne le privera pourtant pas d'un nouveau strapontin dans la All-NBA First Team.
Mais les Lakers ont récupéré toutes leurs forces vives pour la postseason et s'apprêtent à partir à la conquête du titre. Le premier tour contre les Rockets sera passé sans histoires, même si l'égoïsme forcené de Kobe Bryant, plus criant chaque jour, en agace plus d'un. Se dresse alors sur la route des Lakers, rien d'autre que le champion en titre, les Spurs de San Antonio.
Et les débuts seront difficiles. Shaq a beau mettre 32 points et 15 rebonds au Game 2, les Lakers sont bousculés par le phénomène Tony Parker qui éclabousse le début de la série de toute sa classe. Même l'un des meilleurs défenseurs de sa génération, Gary Payton, n'arrive pas à le ralentir. Mais sous l'impulsion d'un immense Shaq (28 points à 11/13, 15 rebonds, 5 passes et 8 contres au Game 3), les Lakers vont revenir à 2-2 dans la série avant de retourner à San Antonio pour un Game 5 qui va passer à la postérité.
Les Lakers tiennent le bon bout dans ce match, mais un panier irréel de Tim Duncan à 0.4sec de la fin semble crucifier les Angelinos. C'était sans compter sur Derek Fisher qui allait passer par-là et envoyer une bombe improbable qui donna la victoire aux Lakers. La série est jouée et les Lakers élimineront sans ménagements les champions en titre dès le match suivant avec 17 points, 19 rebonds et 5 contres du Shaq. Ils redeviennent instantanément les grandissimes favoris pour le titre, tant cette série était annoncée comme une finale avant la lettre. La finale de conférence contre les Wolves sera d'ailleurs bien vite expédiée, et les Lakers sont de retour en finale NBA.
En face ce sont les Pistons de Larry Brown, avec Ben et Rasheed Wallace notamment qui se présentent. Mais l'Amérique ne se passionne que pour cette équipe de stars dont on sait qu'elle peut exploser à tout moment, comme de proposer un jeu magnifique. On pense les Lakers favoris pour reprendre leur bien, et ils se focalisent plus sur eux que sur l'enjeu et les Pistons en eux-mêmes. Et pourtant, dès le Game 1, c'est la douche froide
Shaq est majestueux (34 points à 13/16 et 11 rebonds, mais les Lakers sont sonnés (87-75) par la défense des nouveaux "Bad Boys" de Detroit. Kobe Bryant est déjà pointé du doigt (10/27 aux tirs pour seulement 25 points).
Les Lakers réagiront au Game 2 en partie grâce à un coup de sang offensif de Bryant (33 points), mais l'impuissance dégagée par les Lakers est criarde. La défense de Tayshaun Prince enferre Bryant et l'oblige à forcer bon nombre de ses tirs. Karl Malone est freiné par une blessure au genou et Gary Payton n'est que l'ombre du génie qu'il fut. Shaq est le seul à évoluer à peu près à son niveau (dont un fabuleux 36 points, 21 rebonds au Game 4), mais ne peut sauver les Lakers à lui seul. Ce sont bien les Pistons qui soulèvent le titre en laissant le conglomérat de stars muet. C'est la victoire des cols bleus, qui se sacrifient pour le bien collectif, face à cet assemblage de joueurs, plus formidables les uns que les autres, mais incapables de s'entendre. Il n'en faudra pas plus pour allumer la mèche.
La direction des Lakers va rapidement prendre des décisions importantes. Phil Jackson ne sera pas reconduit, et ils vont tenter de se débarrasser de Shaquille O'Neal, pour reconstruire autour de Kobe Bryant. Shaq n'avait, de toutes façons, plus l'intention de rester.
"Lorsque Jerry West m'a fait venir ici, il y avait un concept collectif en place. Je voulais m'inscrire là-dedans. Mais aujourd'hui, tout le monde s'en fout. J'ai l'impression qu'ils essaient de monter les gens, les uns contre les autres. Donc si un GM veut un grand gabarit travailleur qui va tout faire pour gagner des titres, il n'a qu'à appeler Mitch Kupchak, parce qu'il est prêt à négocier."

Et malgré un contrat mirifique, les acquéreurs potentiels ne vont pas manquer, Shaq affichant toujours une domination sans pareille lorsqu'il est bien servi. Confirmant ce qui n'était encore que des rumeurs, il met même sa maison de LA en vente.
"Je ne plaisante pas. Nous en sommes arrivés là malheureusement, mais je tiens à préciser aux fans des Lakers que ce n'est pas de ma faute. Depuis le départ de Jerry West, on me manque de respect. Je veux donc partir dans une équipe visant le titre. Personne ne peut me traiter de la sorte, je suis comme le papier toilette, les couches Pampers et la pâte dentifrice, j'ai prouvé que j'étais efficace."

Mais les Lakers ne veulent pas le lâcher à n'importe quel prix. Il va falloir que l'équipe qui va recevoir le Diesel mette de la "marchandise" sur la table. L'inénarrable Mark Cuban se met évidemment sur les rangs, comme les Kings de Sacramento par exemple. Indiana serait également très intéressé. C'est finalement Miami qui va décrocher le (très) gros lot, devant lâcher au passage, Caron Butler, Lamar Odom et Brian Grant, mais réalisant un coup fantastique.
Bien avant de faire venir LeBron James et Chris Bosh en Floride, Pat Riley a réussi sa première formidable opération en s'attachant les services de Shaquille O'Neal. 8 ans après son départ d'Orlando, Shaq retrouve la Floride et donc la conférence Est. C'est un nouveau chapitre de sa carrière qui va démarrer, en même temps qu'une des équipes les plus fortes jamais vu, s'éteint dans la confusion et les rancœurs.
"Normalement, quand quelque chose de significatif se produit au sein du club, j'en suis informé. Le renvoi de l'entraîneur, par exemple. Mais je me suis réveillé un matin, j'ai allumé ESPN et j'ai appris que Phil était viré. J'ai su à ce moment-là qu'ils allaient faire des changements majeurs et que je ne voulais pas en faire partie.
Tout le monde s'attend à ce que je tape sur Kobe, mais je suis heureux et je n'en ai pas envie. Il y a un temps pour ça. Kobe est un grand joueur. Je ne pense rien de Kobe en tant que personne. Ce qui m'intéressait, c'est ce qui se passait sur le terrain."

C'est la fin d'une époque importante dans la carrière de Shaq. Mais c'est d'un air réjoui qu'il a pris son transfert à Miami, comme un nouveau départ.
"Les Lakers n'ont pas compris que je suis une Benz, pas une BMW. Moi, je suis une Benz, avec les jantes énormes, "Big" sur ma plaque et je roule sur l'autoroute, vers Miami."

Une page s'est également définitivement tournée en NBA.
To be continued...

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