De Garth Ennis & Jacen Burrows
L’autre jour, alors que je me baladais dans la rue, je tombe complètement par hasard sur mon libraire préféré. Connaissant mon penchant non négligeable pour les histoires qui traitent de l’apocalypse et autres mutations étranges, il me colle en entre les mains un exemplaire de ce fameux tome 1 de « Crossed ». « Tu verras, c’est du Zombie, et même si ça reste plus que classique dans le genre et le style, c’est ultra-violent et complètement déjanté, tu gagnerais à le découvrir je pense… »
Ni une ni deux je file me pauser à la terrasse d’un bar quelconque sur une place quelconque, et je me plonge immédiatement dans cette lecture qui à priori risque de laisser des traces.
Quelque part aux États-Unis, par un après-midi banal dans une petite ville tranquille, tout semble se passer à merveille pour Jim le patron d’un bar, les clients grignotent paisiblement leurs « donuts » en sirotant des petits cafés. Tout est calme donc, enfin jusqu’à ce qu’un type étrange, à l’air complètement ahuri entre dans la boutique, une colonne vertébrale sanguinolente à la main… Non, ce n’est pas Halloween, ce n’est pas une farce, Jim le comprendra à ses dépend lorsqu’il verra son nez arraché par la mâchoire vorace d’un homme au regard fou… Le début de la fin, le monde que nous connaissons tous ne sera sans doute plus jamais comme avant. On apprend très vite qu’une sorte de contamination est en train d’affecter une grande partie de la population, les personnes infectées se transforment en quelques secondes en monstres sanguinaires avec pour trait de caractère, une forte propension à la perversité et la violence.
Plus vite qu’il n
On suivra alors les pérégrinations d’un petit groupe de survivants qui souhaite rejoindre le Nebraska, juste par ce que par là bas, à priori, il y avait moins de population « avant », donc maintenant sans doute moins de contaminés occupés à traquer de la chaire fraiche. Mais dans ce monde ravagé, plus rien n’est certain, le danger rôde partout, à chaque instant, tout n’est plus qu’effroi et misère. Une improbable quête avec pour unique objectif la survie, coûte que coûte, peut-être même jusqu’à en perdre toute notion d’humanité…
C’est avec beaucoup de curiosité que je me suis lancé dans la lecture de « Crossed » tant il est vrai que je suis une sorte « d’inconditionnel » du genre. Mais je dois avouer que quelque part je suis un peu dessus du résultat. Outre un dessin plus que classique, vu et revu, propre à une certaine catégorie de « comics book », c’est la traitement de la violence par le scénariste qui m’a un peu gêné (pourtant, croyez-moi, il en faut pas mal pour me perturber), elle est omniprésente et malheureusement souvent gratuite et répétitive. Il me semble que ce parti prix déviant dessert le scénario, en effet, cette fuite éperdue d’un groupe de survivant ne peut être efficace qui si la tension est palpable, que si le lecteur parvient à s’immerger dans une ambiance particulière et malsaine, or, à mon sens, ce gore permanent atténue grandement ce sentiment, au contraire, on frise même parfois le ridicule. Mais bon, ça reste surprenant et, à certains égards, efficace et percutant. Et puis bon c’est tout de même addictif (quoi que j’ai un peu peur que la série s’embourbe dans une sorte de saga sans queue ni tête), pour preuve, c’est avec une sorte de fébrilité que je me suis procuré dans la foulée le deuxième opus de la série qui vient tout juste de sortir en librairie…