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Les opérateurs ont-ils une place dans le paiement mobile ?

Publié le 05 octobre 2011 par Patriceb @cestpasmonidee
Les opérateurs ont-ils une place dans le paiement mobile ? L'actualité du jour n'étant pas particulièrement excitante (en dehors de la présentation du nouvel iPhone 4s, qui ne concerne pas directement les services financiers), je vous propose de revenir sur une question intéressante, récemment soulevée par un lecteur (merci bigfafa !) : quid des opérateurs de télécommunication dans les grandes tendances du paiement sur mobile ?
L'interrogation est légitime, car, depuis des années, le message adressé par les "spécialistes" aux acteurs en présence est que le paiement sur mobile, en particulier sans contact (NFC), ne peut décoller qu'à la condition de "partenariats" entre les constructeurs, les opérateurs et les établissements de paiement (banques ou autres). Les expérimentations en cours en France (notamment Cityzi), dans lesquelles sont toujours présents Orange, SFR et Bouygues Telecom, démontrent bien que cette perception prévaut encore dans les esprits.
Pourtant, le paysage de la téléphonie mobile s'est considérablement transformé ces dernières années et les rapports de force sont maintenant bouleversés, rendant totalement caduques les velléités des opérateurs de s'immiscer dans la chaîne de valeur du paiement. Et le "coupable" de ce changement, s'il n'en fallait qu'un, est facile à identifier : c'est l'iPhone !
Avant 2007, les opérateurs du monde entier contrôlaient strictement les appareils qu'ils "acceptaient" sur leurs réseaux et les services accessibles. Déployer une solution de paiement ne pouvait donc se faire sans leur aval, à leurs conditions, ni sans leur pouvoir de pression sur les fabricants pour installer les nouveaux composants nécessaires (les puces sans contact) dans les téléphones commercialisés.
Lorsqu'Apple a lancé son mobile vedette, la donne a entièrement changé : le constructeur a imposé ses options, matérielles et logicielles (surtout son AppStore) et l'opérateur n'a plus eu son mot à dire. Si la marque à la pomme jouit encore d'un avantage particulier de ce point de vue, à sa suite, ses concurrents sont aussi devenus plus libres et, par exemple, aucun opérateur n'a réussi à imposer un substitut à l'Android Market de Google. Un autre facteur important de changement est la généralisation en cours des smartphones, qui permettent de créer des applications riches, faciles à installer et à utiliser, toujours sans intervention des opérateurs.
La conséquence directe de cette révolution est qu'un établissement de paiement peut maintenant diffuser sans entraves et sans intermédiaires les applications qu'il souhaite vers les téléphones des consommateurs.
Face à cette perte de "pouvoir", dont la prise de conscience ne semble pas être encore répandue, les opérateurs ont encore un argument pour défendre leur position : ils contrôlent la SIM des téléphones, qui peut constituer l'élément de sécurisation (ce sont les mêmes puces que sur les cartes bancaires) indispensable aux applications de paiement.
Malheureusement pour eux, cette vision est, là encore, dépassée. Même en écartant le fait qu'il s'agit d'un point de friction majeur avec les banques (qui sont très peu réceptives à l'idée d'en laisser le contrôle entre les mains d'un tiers), les techniques de sécurité ont aussi évolué. Elles sont désormais implémentées sous forme logicielle (les capacités des smartphones le permettant) ou déportées sur des serveurs centralisés (les téléphones étant quasiment toujours connectés).
Les nouvelles solutions de paiement mobile (Google Wallet et PayPal, par exemple) démontrent parfaitement cette nouvelle réalité : les opérateurs y sont invisibles (si on ne compte pas la citation de Sprint par Google, en sa qualité de seul distributeur du téléphone compatible, pour l'instant). Dans le cas de PayPal (et d'autres), il n'est même plus nécessaire d'attendre les efforts des fabricants : le logiciel y est seul maître et rend l'établissement entièrement autonome.
Il est donc grand temps pour les promoteurs du paiement mobile (banques en tête) de se débarrasser des acteurs encombrants, qui n'apportent plus aucune valeur et dont on peut soupçonner qu'ils concourent à la lenteur des progrès du paiement sur mobile. Les opérateurs pourront toujours se consoler avec les marchés émergents, où l'équipement en téléphone plus "basiques" et leur présence physique massive leur donnent un avantage concurrentiel incomparable (à l'image de Safaricom et sa solution M-Pesa).

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