-A dire vrai, je suis une fille de plein air et je ne m’y intéressais pas du tout. C’est venu par hasard, pendant mes études de mode à Milan qui me coûtaient cher ; ma mère a vu un concours organisé par la Fédération Canadienne de la Fourrure avec un premier prix de 16 000 dollars et un 2e de 14 000 dollars. Pour moi, la fourrure était un truc de vieilles madames mais ma mère m’a dit que je n’avais pas le choix. «Tu n’as plus que ça pour payer tes études, trouve quelque chose ! », m’a t-elle dit !
-Et alors, qu’avez-vous fait ?
-Comme je suis une snowboardeuse et une fille de la montagne, je me suis dit, tiens y’a un truc sympa à faire là. J’ai alors imaginé des vêtements de ski et j’ai été sélectionnée ! A ce moment-là, comme je n’avais pas assez de matière première, j’ai demandé à ma maman son ancien manteau en raton qu’elle ne portait plus. Je l’ai découpé et j’en ai fait un immense sac à dos et des mocassins et j’ai gagné le 2e prix ! Ce n’est qu’après, lorsque je me promenais avec mes créations dans la rue que les Italiennes m’arrêtaient pour savoir ce que c’était. Bizarrement, quand je parlais de fourrure, elles faisaient la grimace mais quand je parlais de recyclage, elles adoraient l’idée et certaines voulaient alors recycler leur manteau.
-Du coup, vous donnez une autre image de la fourrure, non ?
-Oui, je dis que je « désnobise » les manteaux et la fourrure ! Moi je ne suis pas pour le neuf à la base. Dès que je peux récupérer, je le fais. La chemise de chasse, le manteau de cuir… On consomme tellement que je pense qu’on a plus besoin de fabriquer quoi que ce soit. Objectivement, je trouve la vraie fourrure plus écolo que la fausse, plus écolo aussi que des tissus de plein air techniques et c’est une fille de plein air comme moi qui vous le dis ! Toutes ces nouvelles matières, c’est de la cochennerie qui nécessite du pétrole pour être fabriquée et qui met du temps à se dégrader.
-Est-ce que Peta vous a déjà attaquée ?
-Ca n’est jamais arrivé. Quelque part j’aimerais bien que ça se produise pour que je puisse argumenter un peu et les éduquer aussi. J’aimerais qu’elles aillent plus loin dans leur façon de combattre, qu’elles ne soient pas si radicales et voient les deux côtés de la médaille.
-Etes-vous écolo ?
-Je trie mes poubelles, j’ai été élevée à la campagne, maman est une beatnik et même ici à Paris j’ai envie de ramasser des détritus et de les mettre à la poubelle, c’est plus fort que moi. J’aime ma planète et j’ai envie de la protéger !
-Sinon, à part la fourrure, recyclez-vous d’autres matière ?
-Oui, là je viens de commencer avec des robes de mariées, des fleurs en soie et aussi toutes les doublures des manteaux. On fait du prêt-à-porter sobre avec mais qui donne aussi des pièces uniques qui sont difficiles à exporter car elles se vendent très vite dans mes boutiques de Montréal et de Québec. Par contre, j’exporte beaucoup la fourrure car on peut facilement répéter les formes. Mais j’ai aussi plein d’autres envies…
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