Triomphalisme ou leçon de courage ? et l' emotion ?

Certains donneurs de leçons sur un forum dont j'ai déjà eu l' occasion de parler ici, veulent opposer pour le devenir de la corrida le "triomphalisme" de Barcelone et la leçon de courage (ou de c....) du mano a mano David Mora Fandino de Madrid; pour eux évidemment seule la 2ème est digne d' intérêt.

Cela m'amène à 2 réfexions :

1°) Il n y a eu aucun triomphalisme excessif à Barcelone. Oui, il y a eu beaucoup de trophées, il y aurait même plus en avoir plus (le rabo pour Tomas) ou moins (1 oreille au 1er de Manzanares, par exemple). Mais, sur le plan tauromachique, ce fut incontestablement important.

Mais c'est aussi et surtout c'est sur le plan de l' émotion que se situe l' importance de ces 2 jours, n'en déplaise à certains aigris qui n y étaient pas et n' ont pu le voir à la direct à la tv, mais qui se croient importants parce qu' ils critiquent tout ce qui donne de l' émotion au  vulgus pecus : Et Dieu sait si je pense que l'émotion compte dans la corrida.

Emotion de voir, avant le début de la corrida samedi, ce mélange de catalans aficionados et de gens venus d'ailleurs (dont pas mal de français, rencontés à Bayonne, Vic ou ailleurs, y compris au palco présidentiel) fraterniser dans une même défense de la Fiesta Brava à Barcelone

Emotion de voir un paseo, où, par exemple Morante défilait en noir drapé dans un drapeau catalan, paseo terminé par une ovation aux toreros invitant toute leur cuadrilla à saluer sur la piste.

Emotion de voir une volonté de triompher de figuras qui n'en avait pas besoin pour asseoir leur rang, de voir Morante offrir le sobrero en une faena sublime pour lui aussi participer au triomphe final au milieu des banderoles et drapeaux

Emotion de voir 20000 personnes crier "Libertad" à plusieurs reprises avec tout leur coeur, de voir des banderoles de soutien (Comme le  fameux club Cocherito de Bilbao). Tout n'est pas que dans les dérives de politiciens...

Emotion de voir 3 toreros portés en triomphe pendant des hectomètres sur la plus grande avenue de Barcelone au milieu d' une foule ènorme.

Emotion de voir un José Tomas ou un Serafin Marin, faisant leurs faenas sans musique, l'accompagnement étant un choeur poignant de 20000 olé à chaque passe.

Emotion de voir le torero de Barcelone pleurant avec les 2 oreilles conquises et consolé par toutes les cuadrillas.

Emotion de voir tout ce public descendu dans l' arène à la fin, ramassant du sable de la piste et ne pouvant se résoudre à quitter la Monumental.

Mais les donneurs de leçons sont ils aussi capables de laisser parler leur émotion ?

2°) La corrida de Madrid, pour ma part, je l'ai suivi en direct à la tv. Incontestablement David Mora et Ivan Fandiño ont fait preuve d' un courage extraordinaire, ont fait vivre un mano a mano haletant, et ont montré une volonté souvent absente dans certaines corridas de la part des figuras du G10.

( Une réserve toutefois : Si pour les 2 toreros, on ne peut qu'admirer, pour les toros, difficiles et dangereux,  ils ne l' étaient que par leur mansedumbre plus que par leur  bravoure ou leur force..)

Mais pourquoi vouloir opposer ces 2 corridas et dire que l'une est meilleure que l'autre pour le futur ? Les 2 peuvent procurer l' émotion que je disais si importante. Les grandes ferias ( Bilbao, Séville, Pampelune, Madrid...) proposent un mélange plus ou moins équilibré des 2, en fonction de leurs orientations. Et pour ma part je vais avec autant d'envie à l' une ou à l' autre....Et dans ces ferias, c'est aussi ce qui permet d'ailleurs de faire payer certaines corridas peu taquileras par le public des autres...

L'avenir de la corrida, c'est, je le pense, un cocktail des 2. L'avenir ce n'est pas la "corrida des plages" que l' ont peu voir à Torremolinos ...ou Dax, mais c'est celle qui réunira dans une même feria toreristas et toristas, celle surtout qui donnera cette émotion qui fait que l' on peut avoir le pouls à 150 assis sur son gradin !