Une histoire vraie, comme celle de Howard Marks c’est déjà toute une histoire. On comprend que le cinéma ait eu envie de s’en emparer. Encore ne fallait-il pas trahir le propos et surtout ce parfum de liberté qui embaume le bouquin que Marks a écrit de la façon dont il a mené sa vie ; léger, drôle, insouciant…
En adoptant ce même ton Bernard Rose réussit un film tout aussi ahurissant. Trop beau pour y croire, et pourtant l’auteur a bien vécu ses années frivoles, assez caractéristiques, de la période sixties, dite « peace and love ».
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A l’origine, rien ne prédisposait Howard Marks à devenir un grand dealer. Elève au dessus de la mêlée, il se retrouve propulsé dans les plus grandes écoles du pays, là où la fumette a remplacé les cours magistraux. Il y goûte, rend service, accepte un petit boulot pour l’espionnage anglais, construit une filière autour de l’Ira, et l’Histoire tisse sa toile autour de ce jeune homme à qui tout réussi.
Je ne sais si le rôle titre confié à Rhys Ifans , m’y a fait penser, mais pour l’ambiance, et l’esprit, on est tout à fait dans la lignée de l’excellent « Good morning, England » dans lequel le même Ifans fouette gentiment les conventions. Il est dans la peau de Marks tout aussi parfait, et l’intéressé le reconnaît. « C’est plus que de l’imitation, il s’est investi pour devenir moi. Il s’agit de lui qui joue et non de lui qui m’imite ».
Un bon père de famille, un bon mari pour Chloë Sevigny
Ifans porte le personnage à son plus juste trait, lui aussi imprégné de cette tonalité si particulière à cette histoire racontée à la manière d’un conte de fée, ou d’une future descente aux enfers. Les deux options sont possibles, mais jamais le réalisateur ne prend le parti d’une destinée prévisible.
Il ne porte pas non plus de jugement moral sur les activités illicites du héros et de toute cette petite famille qui nous paraît sympathique ; elle est quand même composée de dealers, de terroristes, et d’espions. La mise en scène pose ainsi de façon très basique, les conditions d’une vie de dilettante, où les règles établies n’appartiennent plus à la loi. Celle-ci se rappelle pourtant au bon souvenir de ce père de famille tranquille qui entre les naissances de ses trois filles et les tribunaux, n’arrêtera jamais de faire la guigne à l’ordre établi. Un Mesrine, sans le sang. Un Scarface, sans la violence. Un saint homme, en quelque sorte …
LES SUPPLEMENTS
- Le making of
Plusieurs scènes de tournage, sans commentaire, dont l’ouverture dans le théâtre, qui n’est pas celle retenue pour le film. Elle se poursuit par une interview de Rhuys Ifans et de Howard Marks, le vrai, avec les figurants. Plutôt sympathique. Un vrai making of …
David Thewlis, en membre complètement allumé de l'Ira
- Rencontre avec l’équipe
Ifans évoque sa rencontre avec Howard Marks qui dit-il, sur le plateau, « était pété de rire, hystérique, il trouvait ça marrant ». Il parle aussi de sa façon d’aborder le personnage, sa relation avec l’auteur…
Sur l’adaptation, Bernard Rose, reconnaît que « ce qui m’a plus dans son roman, c’est la façon légère et drôle de raconter comment il faisait rentrer la marijuana par le biais de l’Ira. Howard est un accroc à l’adrénaline, il cherche l’excitation, et a eu plusieurs occasions d’arrêter, mais c’était plus fort que lui ». La façon dont le réalisateur a choisi les comédiens est aussi intéressante à entendre.
- Rencontre avec Howard Marks
C’est malheureusement assez court, mais remarquable de pouvoir entendre le vrai personnage, parler du film. « En gros, ce film est assez vrai. Les passages moins véridiques, ne sont pas non plus fictifs. Il s’agit de différences artistiques entre le film et le livre. J’ai eu une légère tendance à m’iconiser. »