UN POÈME QU’ON QUITTE, ON N’Y EST JAMAIS ENTRÉ (extrait)
jean : mais que l’horreur ne soit pas non plus le commencement qui est la parole !
poésie : quand dans un jeu on peut tenir une déclaration pour vraie, il y a au moins un moment pendant lequel elle est vraie sérieusement.
conscience-de-soi : il faut donc qu’il y ait moi deux fois pour que je sois une fois.
grammaire : les mots promettent le monde mais ne donnent que le sens.
les humains sont des anges : plus l’assertion qui voudrait être vraie a l’air fantastique, plus elle doit avoir sa propre efficacité.
pour connaître ce que cela signifie que des assertions soient vraies ou fausses, tu devrais quitter ton cerveau.
logique : la forme qui empêche que nous pensions ce que nous feraient penser douleur ou plaisir.
balance : ce que tu rêves devrait représenter ce que tu veilles, et ce que tu veilles ce que tu rêves.
tragédie : l’horreur représentée n’est pas l’horreur même. mais que la différence entre représentation et représenté peut devenir fine à disparaître !
alice : quand je suis éveillée, par quoi suis-je rêvée ?
ce qui forme des phrases à partir du non-sens est ce qui me forme à partir de douleurs.
dévolutions : l’oiseau est l’ange des mammifères ; l’humain est le mammifère des dieux ; le mammifère est le dieu des oiseaux ; l’ange est l’oiseau des dieux ; les ailes sont les nageoires des anges.
la conscience est le cerveau : le vaisseau même est en eau ?
mythe : le rêve des choses d’être connues par un être humain.
beauté : éveiller le bien-être d’un objet.
Franz Josef Czernin, Le Labyrinthe d’abord invente le fil rouge, traduit de l’allemand (autrichien) par Jean-René Lassalle, à paraître fin 2011, Grèges, Montpellier
EIN GEDICHT, DAS MAN VERLÄSST, HAT MAN NIE BETRETEN (extrait)
johannes: dass doch nicht auch das entsetzen der anfang sei, der das wort ist !
poesie: wenn man im spiel eine aussage für wahr halten kann, gibt es mindestens einen augenblick, in dem sie im ernst wahr ist.
selbst-bewusstsein: es muss mich also zweimal geben, damit es mich einmal gibt.
grammatik: worte versprechen die welt, doch geben sie nur ihren sinn.
menschen sind engel: je phantastischer die aussage scheint, die wahr sein soll, umso wirksamer muss sie selbst sein.
um zu erkennen, was es bedeutet, dass aussagen wahr oder falsch sind, müsstest du dein gehirn verlassen.
logik: die form, die verhindert, dass wir das denken, was uns schmerz oder lust denken lassen würden.
waage: was du träumst, sollte das darstellen, was du wachst, und was du wachst, das, was du träumst.
tragödie: das dargestellte entsetzen ist nicht das entsetzen selbst. doch dass der unterschied zwischen darstellung und dargestelltem verschwindend klein werden kann!
alice: wenn ich wach bin, wovon werde ich dann geträumt?
was unsinn zu sätzen werden lässt, ist das, was schmerzen zu mir werden lässt.
desvolutionen: der vogel ist der engel der säugetiere; der mensch ist das säugetier der götter; das säugetier ist der gott der vögel; der engel ist der vogel der götter; die flügel sind die flossen der engel.
das bewusstsein ist das gehirn: das schiff selbst ist aus wasser?
mythos: der traum der dinge, von einem menschen erkannt zu werden.
schönheit: das wohlgefallen eines gegenstandes erwecken.
Extrait de Franz Josef Czernin: das labyrinth erst erfindet den roten faden, Hanser, Munich 2005.
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TANT QUE J’AI UN CERVEAU MES PENSÉES NE PEUVENT SE COMPRENDRE D’ELLES-MÊMES (extrait)
dans un poème chaque chose veut faire penser à un tout autre, le son à une montagne, la montagne à une catégorie grammaticale, la catégorie grammaticale à un concept, le concept à la foule des choses qui se classent en lui, et toutes ces choses à toi qui tentes de comprendre le poème.
aphorisme : vers quelles vérités peuvent me conduire les phrases que je ne comprends pas ?
poème : que cette idée du soleil devienne la métaphore du soleil et le soleil la métaphore de cette idée de lui.
firmament : comment l’œil et l’étoile qui le voit se connaissent l’un l’autre à la lumière d’un concept qui les englobe tous deux !
constellé : comme mes yeux s’ouvrent dans l’idée des étoiles qu’ils voient, et comme les étoiles se reconnaissent dans l’idée de mes yeux par qui elles sont vues !
pornographie : comme si on devait être l’autre corps pour pouvoir pénétrer le sien propre.
conte : le singe est le théâtre de marionnettes devenu chair et os des humains.
tout chien aboie ce que je ne comprends pas de ma langue.
on explique des douleurs corporelles par des causes psychiques. on peut tout aussi bien expliquer un fleuve par une divinité qui l’habite.
plus ça fait mal plus ça c’est moi ou moins ça l’est ?
puisque personne ne peut le penser nous le gardons pour nous-mêmes ; puisque chacun peut le penser nous ne le gardons pas pour nous-mêmes.
Franz Josef Czernin, Le Labyrinthe d’abord invente le fil rouge, traduit de l’allemand (autrichien) par Jean-René Lassalle, à paraître fin 2011, Grèges, Montpellier
SOLANGE ICH EIN GEHIRN HABE, KÖNNEN SICH MEINE GEDANKEN NICHT VON SELBST VERSTEHEN (extrait)
in einem gedicht will jedes an alles andere sich erinnern; der laut an einen berg, der berg an eine grammatikalische kategorie, die grammatikalische kategorie an einen begriff, der begriff an die menge der dinge, die unter ihn fallen, und alle diese dinge an dich, der du versuchst, das gedicht zu verstehen.
aphorismus: zu welchen wahrheiten können mich sätze bringen, die ich nicht verstehe?
gedicht: dass dieses vorstellung von der sonne die metapher der sonne werde, und die sonne die metapher dieser vorstellung von ihr.
firmament: wie das auge und der stern, den es sieht, einander im licht eines begriffs erkennen, unter den sie beide fallen!
stern-bild: wie sich meine augen im begriff der sterne aufschlagen, die sie sehen, und wie sich die sterne wiedererkennen im begriff meiner augen, von denen sie gesehen werden!
pornographie: als müsste man der andere körper sein, um in den eigenen eindringen zu können.
märchen: der affe ist das fleisch und blut gewordene puppenspiel der menschen.
jeder hund bellt das, was ich an meiner sprache nicht verstehe.
man schliesst von körperlichen schmerzen auf seine psychischen ursachen. ebensogut kann man von einem fluss auf einen gott schliessen, der in ihm wohnt.
je heftiger es schmerzt, umso weniger oder umso mehr ist es ich?
weil es niemand denken kann, halten wir es für uns selbst; weil es jeder denken kann, halten wir es nicht für uns selbst.
Extrait de Franz Josef Czernin: das labyrinth erst erfindet den roten faden, Hanser, Munich 2005.
bio-bibliographie de Franz Josef Czernin
[Jean-René Lassalle]