Residence d'ecriture en belgique

Publié le 03 octobre 2011 par Oppert

J'ai eu la chance d'être invité au mois d'août par le Centre d'Ecritures Dramatiques de Wallonie-Bruxelles à séjourner dans la très agréable Résidence de Mariemont.

Ca m'a permis, notamment, de travailler sur 2 Pièces en parallèle, de participer au Festival de Huy et de faire de très belles rencontres : belges, tunisiennes, roumaines,...

Plus d'infos sur le CED-WB et la résidence de Mariemont en cliquant ici !

Voici le texte écrit en remerciement :

A l’entrée du Parc de Mariemont.

UNE FEMME - C’est dommage que les chiens ne soient pas autorisés dans le Parc. Le mien est très gentil. Il ne ferait de mal à personne vous savez.

L’AUTEUR - Oui… euh… mais…

UNE FEMME - Vous êtes bien le gardien du Parc ?

L’AUTEUR - Pas du tout. Je suis un auteur de Théâtre en résidence.

UNE FEMME - Un quoi ?

L’AUTEUR - Un auteur de Théâtre en résidence.

UNE FEMME - Ah… (Silence. Elle l’examine de haut en bas.) Pourtant, je passe là tous les jours et je vous vois dans la maison du gardien…

L’AUTEUR - Ce n’est pas la maison du gardien, c’est une résidence d’écriture.

UNE FEMME - Bon, bref. En tout cas, quand vous verrez le gardien, vous serez gentil de lui parler de mon chien.

   Ca a commencé comme ça…

   Je n’ai malheureusement pas pu voir le gardien pendant mon séjour dans cette résidence (je me serais volontiers fait l’avocat de cette dame) de plus en plus prisée (la résidence, pas la dame) qui se dresse entre le Parc et la Rue Neuve.

   Dans cette ruelle comme dans celles aux alentours, on entend, chaque jour, la camionnette du marchand de glaces qui circule en diffusant une douce musique. Elle fait jaillir les enfants des maisons-champignons qui ressemblent aux membres d’une même famille avec ces briques d’un rouge sombre leur donnant un teint bien particulier. De cette tranquillité, qui n’en a que l’apparence, se dégage une belle énergie. Les personnes que je croise me disent « bonjour » d’un air avenant avec ce petit quelque chose rare et en plus qui s’appelle « la bonhomie ».

   J’ai pu visiter en privé le Musée Royal de Mariemont, sa « réserve précieuse » et l’atelier du Livre guidé par Marie-Blanche Delattre. A l’accueil du Musée, j’ai eu l’agréable surprise de découvrir l’ouvrage « Il était une fois la Mésopotamie » qui parle de mon arrière-arrière-grand-père, Jules OPPERT, en reproduisant son buste.

   De l’extérieur vers un intérieur ouvert…

   Sur la tête de la résidence : deux cheminées dressées comme des oreilles. Accolé à la résidence, s’élève un arc de triomphe qui ouvre royalement les portes du Parc. Quand il ferme ses rideaux au public, il ouvre ses portes à l’auteur. Les bancs publics deviennent privés.

   Entre le jardin et la maison, une plaque scellée interpelle :

« Ministère de la Communauté française

Résidence de Mariemont 

Centre d’Ecritures Dramatiques Wallonie-Bruxelles »

   On y entre par le salon. La fenêtre de gauche donne sur la rue, celle de droite sur le Parc. C’est par là que chaque soir, vers 21 heures, on entend le bruit d’une voiture qui s’arrête devant la résidence. Quelqu’un en descend, ouvre le portail, avance le véhicule, redescend, referme l’entrée et s’en va dans la nuit à travers le Parc et les hululements cadencés d’une chouette.

   A l’heure où j’écris ces lignes, je n’ai pas encore saisi le pourquoi de cette habitude. J’ai imaginé, un court instant, que cela pouvait être l’équipe du Centre d’Ecritures qui faisait sa ronde (!) Invraisemblable (à ma décharge : mon imagination exaltée par les lieux) quand j’ai vu, au fil des jours, la sympathie, l’attention à la fois constante et discrète, l’accompagnement humain et littéraire caractérisant cette précieuse équipe (Emile Lansman, Vincent Romain, Marie Alaimo,…) au service de la résidence et de son rayonnement.

   Au mois d’août, c’est précisément dans le salon que, le matin, le soleil perce dans la pièce à travers les rideaux en forme d’obus à pompons. Face à la grande télévision, rayonne un superbe coffret de 85 films mythiques en DVD, édité pour les 85 ans de la Warner Bros.

   Je mets en garde les futurs résidents contre ces deux aimants. Hé les auteurs ! Personnellement, j’ai réussi à tenir l’un et l’autre à distance pendant vingt jours… Qui fera mieux ?

   Du salon on accède à la cuisine, hyper-équipée. Sur la droite, on peut descendre à la cave. Je n’y suis allé qu’une seule fois, à mon arrivée, uniquement pour m’assurer qu’il n’y avait pas les cadavres entreposés des précédents résidents…

   Après la cuisine : une large pièce sert de bureau et peut aussi jouer, le cas échéant, le rôle de salle à manger. A droite : une cheminée condamnée. A côté : une petite bibliothèque où le Petit Robert côtoie les Bescherelle en compagnie d’ouvrages édités chez Lansman. A gauche : une large table de travail sur laquelle une petite chaîne Hi-Fi voit se succéder les ordinateurs portables à qui elle prête ses charmes.

  

   C’est sur ce bureau que les auteurs, comme une chaîne humaine, se relayent pour écrire.

  Au fond, une porte donne sur la terrasse où il est si bon de flâner et de cogiter entre deux pages d’écriture.

   En revenant vers le salon, un escalier craquant de bois monte jusqu’à la chambre où un grand lit trône entre une étagère et une table de chevet sur laquelle j’ai eu la surprise de découvrir, le soir de mon arrivée, l’ouvrage « Enfin seul » dont le titre m’a fait rire.

   La dernière pièce est la salle de bains également hyper-équipée. C’est là que se dresse l’unique miroir de la résidence. Combien d’auteurs ont réfléchi devant lui et s’y réfléchiront en se disant « Qu’est ce que tu vas écrire de beau aujourd’hui ? »

Source : http://benjamin-oppert.blogspirit.com/