Ce week-end avait plutôt bien commencé pour les français.
RAJSAMAN a arraché la victoire à l'ultra favori RIO DE LA PLATA dans le Daniel Wildenstein et BEST DATING a été un
surprenant et méritoire troisième.
Et dans le prix Dollar, BYWORD a commis l' affront de battre sur le poteau CIRRUS DES AIGLES un peu défraîchi, ces deux-là dominant nettement FAMOUS NAME et le Godolphin FRENCH NAVY.
Oublions le Royallieu et le Chaudenay qui se sont déroulés au ralenti et qui ont donné, pour le premier, une lauréate montée judicieusement par Olivier Peslier et une SHAMANOVA décontenancée et pour le
second, une victoire sans surprise et sans éclat de l'Aga Khan SHANKARDEH.
Dimanche allait être celui des déconvenues et d'une surprise improbable.
Jour de foule éclectique, anglicisée, avec à tous les coins de bar des britanniques prêt à mettre en bière les
petits français. Mais aussi des supporters japonais qui, dés le début de la réunion, ont squatté les belles
places de la ligne d'arrivée pour mitrailler leurs coursiers et "enfin" immortaliser sous tous les
angles la victoire tant attendue du "soleil levant".
Pour commencer le Cadran a sacré fort logiquement un KASBAH BLISS ex sauteur persévérant et encore ingambe devant un allemand qui a
réalisé là sa meilleure performance.
Dans l'Abbaye, podium exclusivement britannique devant
MAR ADENTRO et WIZZ KID, nos deux meilleurs chances, REQUINTO, un 2 ans qui devrait bien vieillir et un PROHIBIT un peu rouillé. De quoi chauffer un peu plus l'ambiance derrière le bar à
bières et confirmer que les français ont tort de n'être des spécialistes du demi-fond.
Puis sont venues les deux courses sacrant en principe deux gros espoirs pour les classiques de l'année
suivante.
Chez les femelles, ELUSIVE KATE a dominé outrageusement le lot,
confirmant que ces éclats deauvillais n'étaient en rien de l'opportunisme.
Comme je le pensais, ZATENDA est une pouliche rapide, mais n'a pas le profil
d'une championne en devenir.
Deux britanniques aux deux premières places. Première claque pour nos 2 ans.
Chez les mâles, pas trop d'appréhension. DABIRSIM a déjà montré l'étendue
considérable de ses capacités et devrait s'imposer. Pour autant, le voir baguenauder l'arrière et Frankie
Dettori se lancer à l'assaut du poteau à retardement a pu donner quelques frayeurs (je ne suis pas sûr que
les ordres avaient été donnés pour un tel scénario). Quoi qu'il en soit, DABIRSIM a rempli son contrat. Confirmer sans en faire trop, sans entamer son potentiel classique.
Si ces deux là passent sans encombres l'hiver, on a déjà deux partants séduisants pour les Poules
d'Essai.
Dans le prix de la Forêt, personne ne voyait GOLDIKOVA battue, ou n'osait envisager cette contrariante éventualité.
Pourtant le jeune DREAM AHEAD parfois inexplicablement inconstant (cf son
Maurice de Gheest) s'est un peu moqué des régles élémentaires de courtoisie en principe dues aux juments du
rang de la championne en la terrassant sur le poteau.
Pas de chance pour GOLDIKOVA, avec une FLASHDANCE qui a eu toutes les peines
du monde l'amener à 300m de la ligne d'arrivée, effort insuffisant, nécessitant de la part de GOLDIKOVA de partir à l'assaut du disque seule, quelque peu déboussolée.
Malgré tout, elle s'est accrochée jusqu'au bout, courageuse, battue d'un rien.
Souhaitons lui de prendre sa revanche à Churchill Downs.
Puis vint le défilé, la clameur, et les 16 concurrents de l'Arc embarqués par TREASURE BEACH sur un rythme d'enfer.
Opération kamizaze sous l'oeil médusé des spectateurs japonais collé à leur téléobjectif. Un temps d'observation
dans le peloton. Pas sûr en effet qu'on ait déjà vu un lauréat de derby irlandais, second du derby anglais faire le leader de prestige pour un cheval non confirmé sur la distance classique (jeu
de la confusion dans la stratégie O'Brien).
Quand la meute s'est agitée, ST NICHOLAS ABBEY a relayé TREASURE BEACH , mais aux 200m, DANEDREAM a surgi en produisant une imparable accélération et s'est propulsée vers le poteau, isolée, détachée, déployant des foulées de championne
devant une assistance qui n'eut d'autre réaction que de ravaler subitement sa clameur initiale. Assommée par tant d'audace et par un scénario imprévisible.
Maintenant, la question va se poser pendant quelque temps. Cet Arc 2011 a-t-elle été une belle édition, sacrant
une vraie championne ?
A mon avis, oui, et cette victoire va lui faire porter sur ses épaules la lourde responsabilité de confirmer
au plus haut niveau. Mais va t-elle courir à 4 ans ? Si tel est le cas, elle devra assumer une tentative dans le Vermeille et un doublé dans l'Arc à l'image de CORRIDA, la seule jument à l'avoir
réussi.
Inutile de trop épiloguer sur les désappointements français. Les explications s'égréneront plus tard, entre justifications et doutes sur les qualités réelles de nos 3 ans.
Ce n'est pas la première fois que des lauréats de Jockey Club, de Grand Prix de Paris ou de Vermeille réalisent une performance anodine dans l'Arc. Il y en aura d'autres.
Maintenant, on espère les voir courir à 4 ans se réhabiliter quelque peu.
Pour conclure, dans le prix de l'Opéra, c'est NAHRAIN, une Godolphin encore peu expérimentée qui s'est défaite d'une ANNOUNCE pourtant au sommet. Une NAHRAIN, obligée de se relancer pour le sprint et laissant un très belle impression. Toujours invaincue, qui pourra peut-être briller l'année prochaine, si elle n'intègre
pas immédiatemment le haras.