de très nombreuses variantes entre les individus au sein d'une même espèce.
C'est cette diversité génétique, inter et intra-espèces, qui permettent aux sélectionneurs/éleveurs ou généticiens de créer de nouvelles variétés qui diffèrent par leurs couleurs, formes, goûts, etc.
Toutes ces plantes sont des ressources génétiques et représentent un patrimoine qu'il est nécessaire de préserver et de mieux connaître afin de l'utiliser au mieux. Ainsi, pour l'INRA " la collecte, la caractérisation et la conservation de ces ressources sont des activités de recherche indispensables à la création des variétés de demain. "
Est-il imaginable que l'industrie agroalimentaire élargisse la gamme de ses approvisionnements de manière à obtenir une production agricole plus diverse et moins standardisée ? Selon un groupement d'agronomes, la diversification des semences devient une urgence face au réchauffement climatique...
Certains s'en souviennent probablement. En février 2008, l'association de défense de la biodiversité Kokopelli, basée à Alès, est condamnée pour concurrence déloyale et vente de semences illégales. Ses "variétés oubliées" ne figuraient pas au catalogue officiel de commercialisation. Et pourtant, les études sur les rendements agricoles et les changements climatiques donnent raison à ces " banques de semence " qui heureusement, se multiplient dans le monde pour protéger le patrimoine génétique existant.
"Il est temps de diversifier les récoltes vitales face aux menaces croissantes dues à la sécheresse, aux inondations et aux parasites qu'entraîne le changement climatique", mettent en garde plusieurs agronomes du Programme de recherche sur le changement climatique, l'agriculture et la sécurité alimentaire (CCFAS). Cette structure résulte de l'association de deux organisations non-gouvernementales, le Groupe consultatif sur la recherche agricole internationale (CGIAR) et le Partenariat pour l'étude scientifique du système (ESSP).
Incroyable mais vrai : la population mondiale dépend d'une dizaine de productions agricoles seulement. Or, lorsque le réchauffement va s'intensifier, ces variétés risquent de souffrir en raison du temps plus chaud et sec - ou au contraire plus humide - et seront exposées à de nouveaux insectes et des parasites.
"Les agriculteurs se sont toujours adaptés, mais le rythme de changement à cause du changement climatique va être bien plus rapide que dans le passé. Il y aura une réelle nécessité d'aller vite", a déclaré à l'AFP Bruce Campbell, directeur du CAFS. Les délais sont courts. A titre d'exemple, les experts citent la pomme de terre, cette dernière étant vulnérable à la chaleur qui réduit sa croissance et la formation d'amidon. La culture des pommes de terre va ainsi devenir de plus en plus risquée dans le Sud de l'Afrique et dans les hautes terres tropicales, alors qu'elle est l'aliment de base de centaines de millions de personnes.
Selon "Crop Adaptation to Climate Change", un volumineux ouvrage publié lundi 3 octobre présentant les stratégies d'adaptation des récoltes au changement climatique, au moins 7 milliards de dollars supplémentaires par an seraient nécessaires dans l'irrigation, la recherche agronomique et les infrastructures rurales afin de faire face à ces changements.
Pour diversifier les productions agricoles, les banques de conservation des graines et des génomes connus devraient jouer un rôle-clé, soulignent les agronomes. En effet, l'identification et la sélection de caractéristiques génétiques chez des plantes sauvages permettrait de fournir un stock de gènes permettant de s'adapter aux conditions climatiques futures.
Malheureusement, une autre alternative séduit l'humanité : le recours aux organismes génétiquement modifiés afin de synthétiser des gènes plus résistants en laboratoire. Mais qui dit OGM dit système productiviste et dangereux monopoles de groupes bioéthiques très puissants. Aujourd'hui, plus que jamais, l'alternative de la révolution verte pour permettre une mondialisation de l'agroécologie semble la plus désirable pour l'homme et l'environnement.
Alicia Muñoz