Une jeune femme est engagée pour veiller sur deux orphelins dans un manoir isolé de la campagne anglaise. Rapidement, le comportement des enfants devient étrange. La gouvernante assiste elle-même à d'effrayantes apparitions, dont celle de l’ancien serviteur qui entretenait une liaison avec la précédente gouvernante. Or tous deux sont morts dans des conditions mystérieuses et semblent toujours exercer sur les enfants une attirance maléfique.
Opéra de Benjamin Britten (1954) mis en scène par Olivier Bénézech
Avec :
David Curry : Narrateur – Peter Quint
Chantal Santon Jeffery : La gouvernante
Rachel Calloway : Mrs Grose
Liisa Viinanen : Mrs Jessel
Matthieu Haering & Clément Bayet : Miles
Agathe Becquart & Julie Dexter : Flora
Photo : Frédéric Lovino
Je ne suis pas vraiment un habitué des salles de théâtre même si, dès que j’en ai l’occasion, je ne boude pas mon plaisir. Pour cette pièce proposée par une association locale, La clef des chants, j’ai donc pu assister à une représentation de The turn of the screw (Le tour d’écrou), adapté du roman de Henry James.
Le temps de deux actes d’à peu près une heure et quart chacun, la joyeuse équipe nous démontre sans peine que les planches peuvent véhiculer une force et une magie, nous en mettre plein les yeux et les oreilles, sans les artifices du Grand Ecran. Il est bien dommage qu’une sorte d’élitisme entoure les salles de théâtre. Il est très largement social : excluons les « esthètes » bruyants et les étudiants d’arts du spectacle, et la salle apparaitra bien vide. Le prix, quand à lui, s’il n’est certes pas donné, n’est pas si éloigné des places surtaxées des séances de cinéma, a fortiori dans les grandes villes. Il serait bon que les jeunes/adolescents qui adulent Tim Burton mettent aussi les pieds au théâtre afin qu’ils puissent juger par eux-mêmes.
Dans le Tour d’écrou, que je n’ai pas lu, on en sait pas bien où se situe la folie, ni qui sont les fous. Entre apparitions, fantômes, manipulations, le spectateur se perd et ne peut que s’ouvrir au doute en espérant une issue à peu près claire…qui bien évidemment variera selon le point de vue adopté. Mrs Grose s’occupe seule de deux jeunes enfants, Miles et Flora, à l’intérieur d’une demeure anglaise. Après le « départ » de la précédente gouvernante, elle est forcée d’en faire venir une nouvelle. En charge de l’éducation des chérubins, elle se distingue par une certaine rationalité. Or, petit à petit, un couple étrange rode, apparait et disparait. Ils connaissent les enfants, et ceux-ci sont attirés par eux, comme s’ils devaient se rejoindre. Cependant, ce couple ne devrait pas être là : tout deux sont décédés.
Clairement, représenter des fantômes sur les planches n’est pas une prouesse facile. Au-delà d’un maquillage blafard, le metteur en scène joue d’ingéniosité. Le décor est superbe et onirique. Malgré un premier acte un peu long, et lent, le second sort le spectateur de la torpeur jusqu’à la scène finale forcément tragique. Enfin, le chant met à l’épreuve même les locuteurs les plus aguerris de la langue de Shakespeare. Heureusement, les surtitres permettent de suivre la narration. Les chansons en elles mêmes ne sont pas inoubliables. On n’est pas dans un style opéra comme on se le représente dans nos stéréotypes mais plus proche peut être des comédies musicales (dans le bon sens du terme). Quoi qu’il en soit, on les oublie vite pour se concentrer sur l’ensemble de la mise en scène.
Note :
Les Murmures.