Le principal parti de l’opposition s’insurge contre la déclaration du président du conseil électoral d’Elecam ouvrant la possibilité à l’électeur d’accomplir son devoir le 09 octobre prochain sans être en possession du document requis.
Une sortie qui masque un enjeu pour le pouvoir : le taux de participation.“Gravissime”, telle est l’appréciation que le Social Democratic Front (Sdf) fait, le vendredi 30 septembre 2011, de la déclaration du président du conseil électoral d’Elections Cameroon (Elecam). Interrogé au journal parlé de 17h, Samuel Fonkam Azu’u lâche que : « Le 9 octobre prochain, il sera possible de voter sans carte d’électeur, à condition d'avoir identifié au préalable son bureau de vote.»Dans une réaction faite le même jour, le principal parti de l’opposition argue de l’illégalité de cette façon de faire. Et enfonce le clou en y décelant une forme de fraude. « En effet, tout le monde sait que les récépissés d’inscription délivrés par Elecam ne mentionnent pas de bureau de vote. Comment un
électeur dont le nom ne figure pas sur une liste électorale et qui ne possède pas de carte peut-il identifier son bureau ? » Mentionne le communiqué élaboré par la cellule de communication du candidat John Fru Ndi.Les réserves du Sdf trouvent un écho auprès d’un expert des questions électorales. « La loi indique clairement qu’on ne peut voter qu’en présentant sa carte d’électeur. Nulle part, il n’est fait cas de la possibilité de voter avec une autre pièce officielle. Donc, voter sans avoir présenté préalablement sa carte d’électeur est une façon de contourner la loi », note-t-il. Encore faut-il, en l’absence de sa carte d’électeur, identifier son bureau de vote qui ne figure sur aucun autre document officiel pour accomplir son devoir. L’unique opportunité pour disposer de cette information étant la consultation d’une liste électorale. « Il est constant que les cartes d’électeur non récupérées seront déposées dans le bureau de vote le jour du scrutin. Logiquement, l’électeur n’ayant pas sa carte la retrouvera dans son bureau après l’avoir identifié. Par conséquent, il est anormal qu’on laisse ceux n’ayant pas retrouvé leur document accomplir leur devoir de citoyen », conclut l’expert.
Taux de participation
Derrière cette question soulevée par Samuel Fonkam Azu’u se cache en principe un enjeu : la participation électorale, souligne un analyste. Après l’effort mené en vue de l’inscription du maximum de Camerounais sur les listes électorales, et dont le résultat a permis de dépasser la barre de 7,5 millions d’inscrits, le pouvoir fait désormais une fixation sur le taux de participation. La sortie du président du conseil électoral, en vue de prendre des libertés avec la loi pour atteindre un taux « acceptable », s’inscrit donc dans cette logique.
Cependant, la déclaration de Samuel Fonkam Azu’u met aussi en exergue la difficulté d’Elecam à distribuer le précieux sésame donnant accès au bureau de vote. D’après la loi, l’arbitre du jeu électoral devait s’acquitter de cette tâche depuis la mi-septembre. Le retard pris fait probablement craindre un risque élevé de défections de la part d’inscrits pour qui le retrait de la carte est devenu un chemin de croix. En témoignent les nombreuses récriminations enregistrées dans ses locaux depuis le début de l’opération de distribution.
Pour éviter une déconvenue, Elecam vient de recevoir le concours inespéré du Cameroon People’s Party (Cpp). Dans un communiqué, l’équipe de campagne d’Edith Kah Walla invite les Camerounais de bonne volonté à porter assistance à l’organisme en charge des élections dans la distribution des cartes.
Un concours en forme de réconfort pour Elecam qui, en l’espace d’une semaine, vient d’essuyer deux assauts du Sdf.
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