Ca y est : Prince et moi sommes officiellement mari et femme. Un discours émouvant de SuperPapa alias Monsieur le Maire (du moins le temps de cette cérémonie), une tenue rose fuschia pour moi, un Prince qui a réussi à se pointer rasé et à l’heure, des proches souriants et ne s’opposant même pas au mariage (ou c’est seulement dans les films américains que ça arrive ?), et un déjeuner intime mais non moins délicieux concocté par SuperPapa et SuperMaman : tous les ingrédients étaient réunis pour une journée réussie, comme auraient pu vous le rapporter Gala ou Point de vue / Images du monde si les paparrazzis ne s’étaient pas vus refuser l’accès au lieu de réception (chez mes parents, quoi).
Quelques mois plus tard, me voici allongée sur le canapé – toujours chez mes parents, mais cette fois, dans le Sud de la France – plongée dans ces réminiscences de jours meilleurs. Nous voici à la veille du mariage religieux, et si je suis allongée, ce n’est pas parce que je suis tellement zen et organisée qu’il n’y a plus rien à faire ; non, si je ne suis pas debout en train d’accomplir frénétiquement mes douze travaux d’Hercule les douze tâches restantes sur ma « to-do list spécial mariage », c’est tout bonnement parce que je suis clouée au lit par de bénins mais nombreux embarras médicaux.
Mais comment Eva in London a-t-elle bien pu en arriver là ? vous demandez-vous.
Je me pose la même question.
Et, en espérant qu’ils servent à de futures mariées plus raisonnables que moi (mais cela existe-t-il, une future mariée raisonnable ?), voici quelques éléments de réponse :
1. Lorsque les mariés représentent déjà trois nationalités à eux deux, leur désir de traduire l’ensemble de la cérémonie en trois langues – chants, homélie et intentions de prière compris – est louable… mais stupide.
2. Pire : vous rendre compte de votre erreur à minuit et demie, l’avant-veille du mariage, lorsque Prince vous menace de ne pas venir à son propre mariage si vous lui faites réimprimer les livrets de cérémonie une fois de plus – le détournement de biens sociaux de SuperBank a assez duré, et d’ailleurs, les imprimantes sont elles aussi au bord de la crise de nerfs.
3. Avoir fait faire votre robe de mariée soi-disant « sur mesure », tout cela pour vous entendre dire d’un ton on ne peut moins commerçant, durant ce qui semble être le dix-huitième essayage, que « si ça ne vous va pas, Mademoiselle, je n’y peux rien : ce sont vos hanches qui ne sont pas symétriques ! ». Euh, elle n’avait pas pris l’ensemble de mes mesures il y a six mois, la pimbêche ?
4. Pire : réaliser, deux minutes avant l’entrée dans l’église où tout le gotha vos familles et amis vous attendent, que vous ne pouvez pas faire un pas sans vous prendre les pieds dans cette xxx de robe « sur mesure ». Sur ce coup-là, vous auriez peut-être dû prendre l’insupportable sorcière qui hante vos pires cauchemars la couturière un peu plus au sérieux lorsqu’elle insistait pour que vous choisissiez vos chaussures en fonction de la robe – et non pas suivant ce qui restait en solde à quatre jours du mariage.
5. Choisir un prêtre génial, à l’écoute, ouvert, gentil, disponible, et même prêt faire le déplacement depuis Londres pour célébrer votre mariage méditerranéen… mais qui, la veille du grand départ, vous signale nonchalamment qu’il ne supporte pas la chaleur (Jean-Marie, si vous me lisez : MERCI ! Merci de nous avoir si bien « préparés », merci d’être venu de si loin… et merci de n’avoir finalement pas tourné de l’œil en pleine cérémonie !)
6. Pire : neutraliser le prêtre de rechange de la paroisse, en remplissant l’église de lys… fleurs auxquelles il s’avère être allergique. « Ah, mais vous ne pouvez pas vous marier, mademoiselle ! », vous lance, inconsciente des torrents de larmes dans lesquels elle vous plonge, SuperMamie, apparemment responsable de l’organisation des mariages dans votre église. « Vous n’aviez pas lu la feuille qu’on vous a remise ? ». « Euh, si, mais vous ne parliez que de lys blancs, et nous avons acheté des lys de couleur (là aussi, c’est tout ce que vous avez trouvé au dernier moment). « Non non, le Père est allergique à TOUS les lys ! ». Finalement, et mettant ainsi en péril le peu de santé mentale et physique qui vous reste, négocier de retirer l’ensemble des bouquets incriminés illico presto après la cérémonie, pour permettre au mariage suivant de se dérouler dans une ambiance plus sereine – et moins allergène – que le vôtre.
J’aurais aimé me limiter à dix erreurs, mais il y en avait tellement que j’ai privilégié l’exhaustivité à la concision. La suite, donc, au prochain épisode !
PS : et vous, quelle(s) erreur(s) stratégique(s) avez-vous commise(s) ?