Monte Filetto 25 septembre
Un rossignol chante parmi les branches du noyer. Le coteau est trop beau sur le ciel trop azur. Le fleuve chante bien sa cantilène. Voici une heure que je regarde l’espace là-bas et la route à mi-côte du coteau qui y conduit. Sur ces hauteurs-ci habitent les faucons. La pluie légère d’été frappait comme un riche accord sur les feuilles du noyer. Mais les feuilles de l’acacia arbre cher à la nuit se pliaient sans bruit comme une ombre verte. L’azur s’ouvre entre ces deux arbres. Le noyer est devant la fenêtre de ma chambre. De nuit il semble recueillir toute l’ombre et courber ses sombres feuilles chantantes comme une moisson de chants sur le tronc rond laiteux presque humain : l’acacia sait se profiler comme une fumée chimérique. Les étoiles dansaient sur le coteau désert. Nul ne vient par la route. J’aime des balcons regarder la campagne déserte habitée d’arbres épars, âme de la solitude forgée de vent. Aujourd’hui que le ciel et le paysage étaient si doux après la pluie je pensais aux demoiselles de Maupassant et de Jammes penchées l’ovale pâle sur la tapisserie qui se souvient et les estampes. Le fleuve reprend sa cantilène. Je m’en vais. Je regarde encore la fenêtre : la côte est un tableautin d’or dans le criaillement des faucons
Dino Campana, extrait de « II ritorno, II Retour », in Chants Orphiques, Canti Orfici, (Die Tragödie des letzten Germanen in Italien), traduction, présentation et postface de Christophe Mileschi, L’Age d’homme, 1998, pp. 64-65
Monte Filetto 25 Settembre
Un usignolo canta tra i rami del noce. Il poggio è troppo bello sul cielo troppo azzurro. Il fiume canta bene la sua cantilena. E’ un’ora che guardo lo spazio laggiù e la strada a mezza costa del poggio che vi conduce. Quassù abitano i falchi. La pioggia leggera d’estate batteva come un ricco accordo sulle foglie del noce. Ma le foglie dell’acacia albero caro alla notte si piegavano senza rumore come un’ombra verde. L’azzurro si apre tra questi due alberi. Il noce è davanti alla finestra della mia stanza. Di notte sembra raccogliere tutta l’ombra e curvare le cupe foglie canore come una messe di canti sul tronco rotondo lattiginoso quasi umano: l’acacia sa profilarsi come un chimerico fumo. Le stelle danzavano sul poggio deserto. Nessuno viene per la strada. Mi piace dai balconi guardare la campagna deserta abitata da alberi sparsi, anima della solitudine forgiata di vento. Oggi che il cielo e il paesaggio erano così dolci dopo la pioggia pensavo alle signorine di Maupassant e di Jammes chine l’ovale pallido sulla tapezzeria memore e sulle stampe. Il fiume riprende la sua cantilena. Vado via. Guardo ancora la finestra: la costa è un quadretto d’oro nello squittire dei falchi.
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