Bon. Pour une fois que le titre français est moins bidon que l'original (Abduction = Enlèvement = Rien à voir avec l'histoire), saluons la démarche. Pour ce qui est du reste, ma foi... Pffff... Par où, mais par où commencer? Spoilers en vue... Mais est-ce que ça a vraiment de l'importance, ici?
On avait déjà assisté au même "phénomène" avec le pauvre Zac Efron (High School Musical): dés lors que la Dream Machine d'Hollywood s'enflamme pour une nouvelle coqueluche, il incombe aux traîne-savates des studios californiens de monter de toutes pièces une histoire - généralement mauvaise - ayant pour seul but de porter leur nouvelle égérie aux nues. Taylor Lautner, le loup-garou prépubère bodybuildé échappé de Twilight, n'échappe pas à la règle... Et c'est fort dommage pour lui.
Alors voyons... Que dire de cet impressionnant marasme? En vérité, je me trouve partagée entre la moquerie et l'abattement le plus total. Oser brasser autant de pognon (parce qu'ils en ont brassé, pas de doute là-dessus) pour un résultat aussi minable, ça file un peu la nausée je dois dire.
La scène d'intro donne le ton de l'ensemble du film: bienvenue au royaume du grand n'importe quoi et du remplissage insipide à tout-va. Trois lycéens conduisent à toute berzingue sur une route (heureusement) déserte. L'un d'eux a trouvé fun de s'asseoir à l'avant (comprenez "sur le capot") et encourage le conducteur à aller encore plus vite. Dans le genre bas de plafond, vous avouerez qu'on est déjà bien partis... Le tout pour se rendre à une teuf' où l'alcool coule à flots. Le premier tiers du film est exclusivement consacré au chapitre "Taylor à l'école, etc" : Taylor fait de la lutte, Taylor fait de la moto, Taylor est suivi par une psy qui lui enseigne à refouler sa colère, Taylor est entraîné par son père (qui n'est, donc, pas son vrai père) à se battre en exprimant à fond sa colère, Taylor en pince pour sa voisine qui en pince pour lui mais ne veut pas (se) l'avouer. Blablabla. Puis LA transition, à la truelle, pour amener LE sujet du film: les lycéens, en binômes (devinez qui est avec qui?), doivent faire un exposé sur les sites internet. Notre "héros" choisit de traiter des sites consacrés aux personnes disparues. Et, oh! Surprise! Il tombe sur sa photo sur l'un d'entre eux. Coïncidence! A partir de là, tout s'enchaîne comme dans un polar de série B...
Des terroristes d'Europe de l'Est débarquent chez lui, tuent ses parents (enfin, les faux), puis le prennent en chasse, tandis que la CIA fait de même. Evidemment, suite à un concours de circonstances malheureuses bien habiles, Taylor est contraint d'embarquer dans sa cavale la jolie voisine, histoire d'avoir quelque chose à faire de ses dix doigts quand il n'y a plus personne à dézinguer. La psy s'avère être un agent spécial chargé de protéger le gamin, le père (le vrai) se révèle être un dangereux espion... Blablabla. Et comme si la banalité du scénario, qui tourne à vide, ne suffisait pas à nous saper le moral, il a fallu qu'en plus ils parviennent à convaincre Alfred Molina, Sigourney Weaver et Jason Isaacs de "jouer" là-dedans. Etaient-ils à ce point à la dèche?
Et comme pour souligner cet implacable fait - à savoir que toute cette brochette d'acteurs confirmés sont clairement dépassés - Taylor a le champ libre tout le reste du film pour courir, sauter, cogner, démolir, faire style de réfléchir, se comparer à Jason Bourne... Bref, il fait son Action Man. Normal, en même temps, il est sous contrat... Un contrat qui prévoit aussi, hélas, qu'il fasse le minet. Brrrr.
Je vous passe les "détails" de la folle épopée du jeune prodige pour en venir directement à la fin, qui fait l'effet d'un pétard mouillé, avec l'apparition fugace du vrai père de Nathan, que l'on souhaite nous masquer pour pouvoir faire un autre film (genre, on n'a pas reconnu Dermot Mulroney), et ainsi engranger encore, facticement, des millions de dollars sur du vent. Le plus naze, dans tout ça, c'est de piéger ainsi le pauvre Taylor Lautner, pour lequel j'ai, par ailleurs, beaucoup de sympathie (faut pas croire) : à ce train-là, il va peu à peu devenir le nouveau Steven Seagal, cantonné à vie à jouer dans des productions à deux balles scénarisées en 3 jours. Ou des pubs Colgate.
C'est moche.