La 11e Biennale de Lyon avec le titre "Une terrible beauté est née" a lieu du 15 septembre au 31 décembre 2011 sur 4 lieux. En ce beau dimanche d'octobre, visite à La Sucrière, où le bleu de la Saône et le bleu du ciel nous menaient en vacances. La Sucrière est un entrepôt portuaire construit dans les années 30 et qui a été réaménagé en 2003 pour en faire un lieu d'exposition de la Biennale. Elle fait partie du site de la Confluence, immense aménagement en cours de toute cette partie de la presqu'île entre Rhône et Saône.
Je vous présente quelques oeuvres qui m'ont étonnée, époustouflée, surprise, fait réfléchir... La création de Barthélémy Toguo ci-dessous intitulée "Le Temps" (2011) représente 55 cercueils et c'est l'une des premières pièces qui nous apparaît vers l'entrée. Je me suis dit "ça commence dur !" Pour l'auteur, ces cercueils sont le constat de l'état dramatique dans lequel se trouvent actuellement les 55 pays d'Afrique. Oouuiii... et les 27 pays de l'Union européenne, comment les aurait-il représentés ?
Là sur un écran, un dessin animé, que notre guide nous laisse regarder, il y a beaucoup à dire, alors que le film est très court, violent par son symbole, être complice c'est quoi ? Gabriel Acevedo Velarde, né en 1976 au Pérou déclare pour ce film : "dans les moments où tout semble clair, on prend la décision de procéder à des changements radicaux. Sans solennité ni héroïsme, force est de constater désormais que l'heure est venue de cesser d'être complice." Puisse-t-il dire vrai... et comment le mettre en oeuvre ? Aller voir ce petit chef d'oeuvre à la Biennale.
Une architecture circulaire et inaccessible, (Stronghold, 2011) visible uniquement par le haut du Polonais Robert Kusmirowski, met en scène livres et papiers, apportés de Pologne par camion et achetés au poids, qui sont, d'une part, rangés très proprement dans des étagères, mais à l'envers, d'autre part, jetés en vrac et même pour certains brûlés sur place. Le poids de la mémoire, le respect pour l'écrit mais aussi la défiance envers l'Histoire... "Laissez parler les p'tits papiers"...
Et les dessins de Robbie Cornelissen sur tout un pan de mur, font référence à un univers urbain imaginaire mais oppressant. Bande dessinée futuriste, on aperçoit étonnamment un rhinocéros au lieu d'imaginer des fusées ou des avions furtifs qui survoleraient l'étrange cité de bandes dessinées. J'admire le graphisme des dessins à la mine de plomb, "Kafka est dans l'air ; ses histoires ont la même intention : celle d'inviter à se perdre dans le labyrinthe de la vie, entre les mondes intérieurs et extérieurs. Nous sommes enfermés. D'un autre côté, la perspective nous invite à entrer dans le dessin : entrez !" nous dit l'artiste. Difficile de répondre "avec plaisir" mais avec intérêt et curiosité en tout cas.
The Lebanese Rocket Society, 2011. de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, nés à Beyrouth, Liban en 1969 et qui vivent et travaillent à Paris et Beyrouth. Une histoire de modèles de fusées très performantes conçus et lancés dans le ciel libanais avec le soutien de l'Etat entre 1960 et 1967. Projet qui tombe dans l'oubli après une intervention (française semble-t-il) qui l'interdit. Avec documents et archives, les auteurs interrogent l'Histoire. Oeuvre que je trouve impressionnante, par le travail esthétique, la mise en oeuvre, le symbolisme pour tenter de redonner non pas une vie mais une mémoire pour ce programme de recherche spaciale tombée aux oubliettes. Que d'énergie, de savoir, de compétence, mis à la poubelle par décision politique probablement. Pour ceux qui sont intéressés par cette question libanaise et le regard critique de ces auteurs, voir vidéo ici.
Merci à notre guide et au guide papier gratuit de la Biennale pour le contenu de ces explications. Visite à suivre... il reste le MAC (Musée d'Art Contemporain), l'Usine T.A.S.E. et la Fondation Bullukian à découvrir d'ici le 31 décembre, mais pour moi ce sera avant le 9 novembre si j'y arrive car ensuite c'est.... devinez ? l'Inde bien sûr !