Vendredi 30 septembre, au journal de 20 H, France 2 avait offert à Brice Hortefeux une tribune suite à son audition par la police. Celui-ci a laborieusement essayé d’expliquer comment il n’avait en rien violé le secret professionnel. Avant que l’identité du témoin auteur de ces révélations n’ait été révélée, ce cher Brice avait eu l’intuition qu’il s’agissait de l’épouse de Thierry Gaubert. Il avait été mis sur la voie par un site d’information dont il a tu le nom, avant de l’accuser de s’appliquer à répandre des calomnies.
J’ai eu à mon tour l’intuition qu’il s’agissait de Médiapart. Or si, ce que l’on peut appeler la première page de ce journal, fournit les titres des articles qu’il renferme, leur contenu n’est accessible qu’aux abonnés. Je n’imagine pas une seconde que M. Hortefeux puisse verser ne serait-ce qu’un euro à Edwy Plenel pour parcourir ce site spécialisé selon lui dans les mensonges. Il n’a donc pu avoir connaissance seul des révélations de Médiapart. Cela rend peu vraisemblable le jaillissement d’une intuition.
L’ami de notre président accuse ensuite certains médias de n’avoir qu’un seul but, atteindre Nicolas Sarkozy. Il enchaîne avec un éloge appuyé de son protecteur, présenté comme le sauveur du monde. On aurait préféré pouvoir le louer comme le sauveur de la France. Le message est clair : « Nicolas, c’est toi qui est visé et que je défends, n’abandonne pas ton ami de trente-cinq ans ! »
Pour ma part, je me réfèrerai surtout à ce que j’ai pu lire dans Le Monde du 25 septembre : « Ce jour-là [le 14 septembre], il [Thierry Gaubert] reçoit un appel de Brice Hortefeux, qui l'informe que sa femme « balance » des informations à la police. »
Balancer des informations à la police signifie dénoncer, révéler, trahir, ne pas respecter la loi du silence, s’allonger, en une expression comme en cent, révéler des faits que l’on aurait dû garder secrets, très précisément parce qu’ils sont vrais et compromettants.
S’il s’était agi de pseudo-informations, de mensonges, de calomnies, comme le raconte à l’envi cet ex-ministre, il est certain qu’il eut plutôt déclaré : « ta femme phantasme, raconte n’importe quoi, fabule, invente, déraille, déconne, est cinglée » que sais-je ?
En fait, quelles que soient les dénégations de M. Hortefeux, ce verbe balance semble prouver :
1) 1) la véracité des propos de l’épouse de Thierry Gaubert
2) 2) que l’ex-ministre est parfaitement au courant des faits ainsi dénoncés.