La première leçon de ce scrutin est évidente: c'est celle d'une progression logique. La gauche avait gagné les cantonales, les municipales. Elle emporte donc naturellement les sénatoriales.
Mais, derrière cette progression, il est une autre leçon très importante: Celle d'un très fort désaveu politique de la nature de la réforme territoriale engagée par le gouvernement.
C'est le refus par les élus communaux en particulier dans le monde rural de la transformation des conseillers généraux et régionaux en conseillers territoriaux. Nous n'avons cessé au Sénat et à l' Assemblée et dans toutes nos associations d'élus d'expliquer le désaccord total des élus du monde rural sur cette réforme.
Les dirigeants UMP ont mis en place un processus de recentralisation sans s'en donner les moyens. Des lors, il en résulte un affaiblissement des pouvoirs publics. En outre, ils ont mélangé régions et collectivités, un même élu siègeant dans les deux structures.
La classe politique dirigeante de l'UMP a refusé d'entendre les assemblées, les réunions de maire qui protestaient contre cette réforme remettant en question le maillage territorial. Ils se sont obstinés contre les élus locaux y compris ceux de la droite modérée On a pu ainsi voir réunis dans une même argumentation incroyable, les deux frères ennemis, X. Bertrand et J.F. Coppé.
En outre, les élus UDF qui avaient rejoints l'UMP, se sont annihilés dans ce qu'ils sont profondément. Ils ont perdu la confiance de leurs élus en votant la réforme. Le revirement d'un certain nombre d'élus UDF a ainsi mis en desherance une partie de leur électorat de base, qui s'est senti trahi, voyant les valeurs de l'UDF disparaître dans la machine à broyer de l'UMP.
Ce scrutin est donc la sanction des élus de droite. Le résultat est éloquent dans les zones rurales, où les élections locales semblent plus dépolitisées que dans les villes. Je songe en particulier aux résultats dans le Morbihan, en Lozere, en Loir et Cher qui sont totalement stupéfiants.
Enfin, il est une troisième leçon ou interrogation: les deux derniers recensements, ont montré que la sociologie des campagnes se modifie en profondeur. Ils ont mis à jour l'importance des rurbains ou néo ruraux, ces citadins qui décident de vivre à la campagne. Ceux-ci ont une demande de services liée à leurs habitudes de la ville (services de la petite enfance...). On assiste à une homogénéisation des attentes de la population, alors même qu'on a appauvri l'autonomie fiscale des collectivités. Les lignes des conseils municipaux s'en sont trouvées probablement modifiées. C'est peut être ce qui s'est passé par exemple dans le Morbihan.
Pour conclure, ce vote est une remise en question profonde de ce qu'est le sarkozisme, un parti unique, une machine à broyer les différences.
Présidence du Sénat : une élection historique
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