Mick Jagger s‘est lancé dans un nouveau projet musical, non pas un album solo comme il l’a déjà tenté plusieurs fois par le passé avec plus ou moins (surtout) de réussite, mais avec quelques comparses ils ont construit un groupe qui pourrait se poursuivre si l’aventure s’avérait rentable. Le plus difficile quand on est fan des Stones depuis presque cinquante ans, c’est de dissocier le travail du groupe Rolling Stones de celui d’un projet en solo d’un de ses membres. Avec Keith Richards, comme on restait dans le rock, il était simple d’adhérer au projet, avec Mick c’est toujours plus difficile, car il n’a pas de scrupules à surfer sur le style musical du moment et s’éloigner de ses bases traditionnelles, ce qui hélas nous a donné des CD souvent pénibles à écouter.
Première impression quand on achète un nouveau disque, la pochette. Elle est nulle, aucune photos dans le livret intérieur, juste des portraits stylisés des artistes et pas de paroles des morceaux. On a quand même droit au détail des instruments et musiciens par titres. Le groupe est constitué de Mick Jagger au chant et guitare, Joss Stone au chant (actrice – elle jouait Anne de Clèves dans les Tudor - et chanteuse de soul anglaise, son premier album est sorti en 2003), Dave Stewart à la guitare (ex-Eurythmique), Damian Marley au chant (fils du grand Bob, il enregistre depuis 1996) et AR Rahman aux claviers (compositeur indien de musique de films), ils sont accompagnés de musiciens secondaires.
Venons en au principal,la musique. La tendance musicale est très nettement reggae avec un soupçon de World Music, ce qui est déjà mieux que l’inverse, ce que je craignais après avoir fureté sur le Net à la recherche d’informations avant la sortie du CD. Douze titres sur mon disque (il en existe une autre version avec quatre titres bonus).
Superheavy ouvre l’album, ça déménage (un peu) et d’emblée chacun prend ses marques, en gros un refrain par artiste (Jagger, Stone, Marley) et on distingue la voix chaude de la demoiselle, la voix plus mâle de Marley et Mick. Unbelievable, bof ! Miracle Worker, le single très reggae avec le refrain efficace comme du Culture Club, longues litanies de Marley avec les interventions de Stone et Jagger, sympathique et swingant. Energy, un électro-rock puissant avec Jagger à l’harmonica mais bof ! Satyameva Jayathe, le morceau exotique mais pas terrible. One day one night, titre lent avec un violon sympa, un peu chiant quand même. Après ces trois titres faibles au milieu du CD, ça repart en beauté avec Never gonna change, intro à la guitare acoustique et Jagger qui entre en scène avec son phrasé légendaire pour une balade « stonienne ». Beautiful people, Mick et Joss en duo langoureux avec des interventions de Damian, un solo de guitare très cool, je vois des hanches de filles qui ondulent au rythme de la mélodie, whaou ! Rock me gently, peut-être le plus beau titre du CD, un morceau lent où tous sont magnifiques aux vocaux, particulièrement Marley ; superbe. I can’t take it no more, le seul titre composé par Jagger seul alors que les autres sont co-signés de tous ; un morceau très rock avec un gros son, Mick nous rappelle qu’il a été (est encore ?) chanteur des Rolling Stones. I don’t mind, un morceau mid-tempo, Jagger et Stone sont parfaits, les voix ne sont pas forcées ou poussées, magnifique. L’album se termine avec World keeps turning, qui laisse la part belle à la belle dont la voix se détache sur ce finale un peu touffu.
Alors ? Ce que je retiens de cet album c’est la beauté du mariage vocal entre la voix féminine de Joss Stone, la voix masculine de Damian Marley moins veloutée que celle de son géniteur et notre Mick Jagger qui se love entre ces deux extrêmes, tantôt l’un, tantôt l’autre, selon les titres. Oublions (un court instant) les Rolling Stones, l’album SuperHeavy s’écoute et parfois il est même très bon. Mieux que prévu en somme.