Genre: comédie dramatique
année: 2000
durée: 1H50
L'histoire: Castella est un chef d'entreprise peu porté par la culture. Pourtant, un soir, il assiste à une représentation de "Bérénice" et tombe en adoration devant l'actrice principale, Clara. Par une coïncidence, celle-ci lui donnera des cours d'anglais. Castella tente de s'intégrer mais sans grand succès.
La critique d'Alice In Oliver:
Le goût des autres, réalisé par Agnès Jaoui en 2000, est une comédie dramatique cinglante et touchante, dont les thématiques sont plus complexes qu'il n'y paraît. C'est sans aucun doute le meilleur film d'Agnès Jaoui, qui brosse ici le portrait de plusieurs personnages rongés par leur mal-être et leur solitude.
En vérité, si la formule fonctionne aussi bien, c'est grâce à son personnage principal, un certain Castella (Jean-Pierre Bacri), un chef d'entreprise ronchon et souvent de mauvaise humeur.
Un rôle dont Jean-Pierre Bacri s'est fait une spécialité.
Mais sur le fond, Castella est un personnage complexé, dépassé par sa femme qui semble totalement incapable de le comprendre.
Sa vie amoureuse est morose et au niveau professionnel, il entretient des relations difficiles avec un de ses employés.
Pourtant, un jour, il fait la connaissance d'un artiste homosexuel dont il apprécie le talent. Surtout, il rencontre Clara, une actrice qui joue dans une pièce de théâtre à succès.
Pour Castella, cette actrice est une révélation. Voilà enfin un rayon de soleil dans sa triste vie ! Il entre alors dans le cercle très privé de la culture.
Seulement, Castella est égal à lui-même. Disons qu'il n'est pas très fin et fait preuve parfois d'un humour maladroit.
Ses références culturelles sont pour le moins limitées. Et aux yeux de ses nouveaux amis, il apparaît alors comme quelqu'un de médiocre, incapable d'apprécier les belles choses et de faire preuve de bon goût.
Pire encore, Clara, qui devient rapidement sa prof d'anglais, croit que Castella s'intéresse à la culture pour la séduire.
Castella passe alors pour l'idiot du village, et ce, sous les yeux de son garde du corps (Gérard Lanvin). A partir de ces différents éléments, Agnès Jaoui propose une comédie dramatique poignante, qui traite avant tout de la complexité des rapports humains. Pour autant, Jaoui n'oublie pas d'égratigner les milieux intellectuels méprisants et bobos, qui s'accaparent le bon goût et font de leurs références une valeur étalon.
Pourtant, tout ce petit monde, en particulier Clara, va tomber de haut. Certes, Castella n'est peut-être pas un esthète en matière d'art et de culture.
Mais il reste une personne avec ses propres valeurs, dégageant une humanité et une sincérité touchante. Et finalement, les personnages qui l'entourent, lui ressemblent étrangement. Agnès Jaoui signe donc une comédie dramatique bouleversante, parfois cinglante voire amère.
C'est probablement le meilleur rôle de Jean-Pierre Bacri au cinéma, qui apporte énormément de justesse et d'émotion à son personnage.
Un très beau film.
Note: 16/20