Magazine Culture
Gaîté Montparnasse
26, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 22 16 18
Métro : Edgar Quinet / Gaîté
Spectacle écrit par François-Xavier Demaison, Samuel Le Bihan, Mickaël Quiroga, Eric Théobald
Mis en scène par Eric Théobald
Le pitch : Après Demaison s’envole, retrouvez François-Xavier Demaison dans son nouveau spectacle Demaison s’évade. Il se promène de personnage en personnages en posant un regard acerbe et insolent sur le monde d’aujourd’hui. Il nous embarque pour un voyage initiatique entre le passé et le présent. Entre les bulles de champagne et les bulles spéculatives, trouvera-t-il des bulles d’oxygène ? Mais, surtout, Bitou le castor échappera-t-il au fameux serial killer québécois Arthur Hache ?...
Mon avis : En quatre années, François-Xavier Demaison a beaucoup changé. On peut dire qu’il s’est construit. Il s’est d’abord construit une solide filmographie avec une quinzaine de longs métrages plutôt estimables dont une prestation tout-à-fait ahurissante dans le personnage de Coluche. Ensuite, il s’est construit un personnage. Après s’être « envolé » en 2007, il a pris de la hauteur, de l’assurance et donc de l’envergure. Son nouveau one-man show, Demaison s’évade, en est la résultante.
Bien dans sa tête et bien dans son corps, il nous propose un spectacle varié, rythmé, dynamique, qui repose sur une galerie de portraits… Et il attaque fort en campant la propriétaire française d’une maison d’hôtes dans une palmeraie marocaine. Avec un naturel teinté de snobisme, elle profère quelques abominations dont elle ne se rend même pas compte de ce qu’elles contiennent comme propos racistes, comme mépris vis-à-vis des autochtones. Et ce n’est pas son pauvre mari handicapé qui pourra la contredire. Ce sketch à l’humour grinçant lui permet en outre de se livrer à une suave chorégraphie berbère. Le ton est donné, François-Xavier a choisi pour armes le cynisme, la sournoiserie, la mauvaise foi et l’humour noir… Il enchaîne aussitôt avec un tout autre propos en abordant la vie de couple où il développe entre autres les méfaits du portable… Le troisième sketch, avec la crise pour thème central, démontre l’étendue de ses progrès. Il se révèle excellent mime… Très à l’aise avec son corps, il occupe la scène avec maestria, joue avec nous.
Les sketches se succèdent à toute allure. Avec une grande virtuosité et un visage très expressif, il aligne les personnages, passant d’un sexe à l’autre, d’une génération à l’autre (ah le papy qui parle djeun !), il maîtrise tous les accents, italien québécois. Son sens très aigu de l’observation l’entraîne à dénoncer différents comportements, le plus souvent nos turpitudes, nos travers ou nos tics. Il est très juste lorsqu’il se mue en maître d’hôtel compassé et onctueux dans un restaurant étoilé. C’est tellement vrai.
Demaison s’évade… C’est encore plus évident quand, après nous avoir servi un chapitre sur la prison, il s’écrie : « Je suis libre » ! Il nous met dans sa poche et nous emmène avec lui dans son échappée belle. Finalement, l’évasion vaut autant pour nous que pour lui… J’avais aimé moyen son tout premier spectacle. Je l’avais jugé trop inégal. Ici, il atteint un très bon niveau avec une réelle constance. Et puis, il est tellement sympathique et généreux.