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Interdiction de la télé-réalité, liberticide ou retour de la politique ?

Publié le 01 octobre 2011 par Vogelsong @Vogelsong

“Les valeurs (de TF1), celles de l’argent et de la cupidité, de la compétition acharnée et du conflit, de la violence et du règlement de comptes” A. Montebourg sur Europe 1

En voulant interdire la télé-réalité, A. Montebourg s’érige en censeur, mais surtout il fait de la politique. En l’occurrence, il s’attaque directement aux causes où d’autres constatent l’irréparable et s’échinent à rendre le mal supportable. Même brutalement, car “interdiction” sonne par ces temps comme liberticide. Si l’homme est versatile et contradictoire, sur le cumul des mandats ou ses multiples alliances au sein de son parti, sur la thématique médiatique il garde une ligne assez cohérente.

Interdiction de la télé-réalité, liberticide ou retour de la politique ?

Christopher Dombres

La première saillie contre TF1 date de 2009 où dans une séquence du film “fin de concession” de P. Carles, il glisse en voix-off “que c’est le moment de taper sur TF1. C’est une télé de la droite, la télévision des idées qui détruisent la France, la télévision de l’individualisme, la télévision du fric, du matraquage sur la sécurité”.

Tout est politique. En particulier les médias qui structurent, conditionnent l’imaginaire collectif. Et en ce sens, les programmes proposés par TF1 sont clairement orientés. Au-delà des valeurs, de l’air du temps ce qui transparait des diffusions, mais aussi de l’information, de son traitement, est l’inféodation au paradigme libéral et entrepreneurial. Avec une dimension sécuritaire.

Au risque d’énoncer des choses banales, TF1 constitue un consortium privé qui de façon génétique véhicule les valeurs qui lui sont intrinsèques. Tellement libérales d’ailleurs qu’il arrive même parfois que pour des questions d’image, de crédibilité, perce ça et là une voix discordante, un avis contraire. Ce que l’on appelle pudiquement dans la gouvernance corporate, l’aiguillon de la concurrence…

Tout est économique. Si A. Montebourg s’en prend à la TV réalité, c’est que ce type de Spectacle procure à la chaine une audience conséquente et captive sur des cycles répétitifs de plusieurs mois. Modèle de captation des attentions permettant de synchroniser les téléspectateurs à des spots publicitaires bien segmentés pour obtenir un impact maximum. Un impact qui sera d’autant plus juteux qu’il aura agrégé cette audience substantielle et triée instinctivement. Une sorte d’homogénéisation, de ramollissement du client facilitant la pénétration du message. S’en prendre à la télé-réalité c’est s’en prendre au socle économique du Spectacle. L’interdire, lui couper les subsides pour le reste de sa programmation.

Enfin, peut être que pour A. Montebourg, l’abrutissement télévisuel d’une large part de la population lui pose comme homme d’État, un problème d’hygiène mentale. Qu’il estime qu’un pays civilisé doit s’extraire des Spectacles indigents, dégradants, insignifiants du grand barnum voyeuriste. Que l’on ne construit pas une société, une jeunesse, sur des focalisations de masse, dont le support tourne en boucle sur la domination, l’élimination, la stimulation égotique.

Reste un écueil. Celui de la liberté. La liberté de s’extraire de la fange, ou d’y consentir. De s’y rouler jusqu’à disparaître. Avec la sempiternelle question sur le choix du public, et le plébiscite par l’audience, cette servitude volontaire.

L’expérience de la privatisation de TF1, mais aussi des radios libres (poussée par la gauche), sous l’excellent prétexte de libérer la parole a montré ses limites. Overdose publicitaire entrainant une programmation vulgaire et aguicheuse où le néant côtoie l’insignifiant.

Les 300 millions d’américains comatent 200 milliards d’heures par an devant la télévision (commerciale). C. Shirky dans son ouvrage “Cognitive surplus” estime que 100 millions d’heures permettraient de créer un encyclopédie participative comme Wikipedia.

Mais il faut être optimiste selon le très corporate D. Bogniart tête de gondole de la chaîne privée, le candidat et architecte de la primaire A. Montebourg sera éliminé par ses concurrents de jeu. Dans ce Spectacle éminemment télévisuel.

Vogelsong – 30 septembre 2011 – Paris


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