C'est sous le coup d'une pression continue que les jeunes se mettraient à partager des images sexuelles via le nouveau phénomène du «sexting», concluent ces résultats préliminaires d'une étude de l'Université de Melbourne, présentée à l'Australasian Sexual Health Conference 2011 (Canberra). Un des risques des médias sociaux, déjà évoqués, mais qui révèle avec cette étude qualitative, le caractère subi de cette violation de l'image de soi.
L'utilisation des médias sociaux est aujourd'hui liée à des risques évoqués par les experts dont l'exposition à des contenus inappropriés, l'affichage de questions de vie privée en ligne, les influences de la publicité ou de groupes de pression, la cyberintimidation et le harcèlement. Des risques qui peuvent provoquer jusqu'à de profonds troubles psychosociaux, dont la dépression, l'anxiété, l'isolement, jusqu'au suicide.
Parmi les phénomènes en développement chez les jeunes, le sexting. Défini comme l'envoi, la réception ou la transmission de messages, photos… sexuellement explicites via téléphone cellulaire, ordinateur ou autre dispositif numérique, ce phénomène est typique de la population adolescente: Selon une étude d'avril dernier publiée dans Pédiatrique, 20% des adolescents ont déjà pratiqué le sexting, c'est-à-dire envoyé ou posté des photos et vidéos d'eux-mêmes, nus ou à demi- nus.
Shelley Walker de l'Unité de recherche en soins primaires du Département médecine générale de l'Université de Melbourne explique que son étude met en évidence
la pression subie par les jeunes à s'engager dans cette pratique,
mais permet aussi de mieux comprendre l'engouement pour ce phénomène ce qui permettra de mieux le prévenir. Cette étude qualitative par entretiens individuels avec 33 jeunes (15 hommes et 18 femmes) âgés de 15 à 20 ans révèle et accuse une culture « sexualisée » par les médias, qui bombardent les jeunes d'images sexualisées et créent une pression à s'engager dans le sexting. En tous cas, c'est ce que ces jeunes expriment.
Les garçons rivalisent entre eux pour avoir les plus belles photos de filles sur leur mobile ou sur leurs espaces personnels sur les sites de réseaux sociaux. Et, s'ils ne jouent pas le jeu, ils sont étiquetés « gay » ou mis à l'écart par les autres jeunes. Les jeunes des 2 sexes expriment les pressions subies par des proches ou leur petit(e) ami(e) pour échanger des images. Je t'en envoie, tu m'en envoies. Certaines jeunes femmes expliquent avoir été sollicitées par des garçons qui souhaitaient simplement avoir toutes les images de filles qu'ils connaissent. Les jeunes expliquent avoir reçu ou avoir été exposés sans rien avoir demandé, à des images d'autres jeunes qu'ils connaissaient ou tout simplement à des images pornographiques.
90% des 15-17 ans ont aujourd'hui des téléphones mobiles et sont sur les réseaux de médias sociaux. Pour l'auteur, le «sexting» fait partie des risques qui peuvent très rapidement prendre de l'ampleur avec le développement permanent des nouvelles technologies. Cette étude qui révèle la viralité passive de ce risque et la décharge de responsabilité de ces jeunes qui se décrivent comme pris au piège doit permettre de réfléchir aux mesures de prévention pour combattre et prévenir les conséquences négatives du sexting pour les jeunes, conclut l'auteur.
Source: The University of Melbourne « Sexting driven by peer pressure” (Visuel© Aaron Amat - Fotolia.com)
Autre source:Pediatrics published online Mar 28, 2011; DOI: 10.1542/peds.2011-0054 “Clinical Report : The Impact of Social Media on Children, Adolescents, and Families”Massachusetts General Hospital: Wondering if you are “Facebook Depressed”? It's not that simple
Lire aussi:ADOS et MÉDIAS SOCIAUX: Sexting, cyberintimidation et Facebook depression –
La "Facebook depression", phénomène ou vraie maladie? -