L'oxymore conceptuelle semble être à la mode, telle une redécouverte des traces du yin et du yang. Les analyses fines seraient celles qui mettent le doigt sur cette néo-trouvaille. Cependant l'idée de cette ambivalence n'est pas si bien répandue dans le sens commun et c'est ce qui fait sa force souterraine. Qu'un éminent scientifique puisse être un homme à femmes, un alcoolique invétéré ou que chacun d'entre nous se livre à des pratiques illégitimes rapporté à son milieu, qu'un savant regarde la Star Ac ou qu'un ouvrier écoute de la musique classique, contredit largement ce que l'on peut penser par paresse intellectuelle. A ce propos deux ouvrages me semblent illustrer ce point de vue, d'une part La culture des individus- Dissonances culturelles et distinction de soi de Bernard Lahire qui remet en cause l'analyse de La distinction de Bourdieu en augmentant le nombre de facteurs étudiés rendant ainsi la notion de distinction bien moins nette et d'autre part Il était sept fois la révolution d'Etienne Klein qui remet en question notre vision idéalisée de quelques chercheurs qui ont fait le 20e siécle. A part cela, et c'était plutôt là le sens recherché pour cette note, je trouve de plus en plus fréquent dans les analyses, l'apposition de contraires, sans grande finesse, dans le simple but de jouer d'esprit afin de montrer que l'on sait placer de la verticalité sur des concepts platement monolithiques ou sur une pensée outrageusement intransigeante. Ca me fait un peu le même effet lorsque l'on demande de dire, lors un entretien d'embauche, en réponse à la question " Quel est votre défaut principal ? ": "Euh ( hésitation ) , je crois que je suis trop gourmand et que je mange trop de chocolat ". C'est l'arbre qui masque la forêt ! Tous ces concepteurs de concepts archi-rigides cependant les enrobant d'une teinture oxymorique adoucissante semblent à la mode. Et que plane au dessus de nos têtes un discours poly-sémantique...