Non, Hong Kong n’est pas juste un bouquet de gratte ciel émergeant avec peine d’un nuage de pollution. Si vous le croyez encore c’est que vous ne fréquentez pas assez ce blog
Parmi les heureuses et inédites surprises du promeneur curieux: les villages murés des Nouveaux Territoires. Visités à mon arrivée à Hong Kong en 2007, je suis retournée voir l’un d’entre eux à l’occasion de mon escapade à Tai Po le mois dernier.
Ces villages remontent au 16ème siècle. Il est souvent écrit que Kat Hing Wai est Hakka mais il semblerait qu’en réalité il soit plutôt d’origine Punti. Les Hakka parlent le… Hakka, or les Punti parlent cantonais. Les villageois parlant plutôt cantonais, cette piste est donc privilégiée. Aujourd’hui ce sont près de 400 descendants du clan Tang qui habitent Kat Hing Wai. Des femmes habillées de costumes traditionnels font parfois régler un endroit d’entrée pour pénétrer dans l’enceinte mais aussi pour les prendre en photo.
Depuis la gare de Kam Sheung Road, on atteint facilement Kam Tin (“Champs d’or” c’est à dire “Terres fertiles”) puis les fortifications de Kat Hing Wai. Initialement, le village était entouré de douves mais elles sont aujourd’hui remplacées par des parkings ou terrains de sport.
Aujourd’hui:
Dans les années 1920:
Une seule porte permet de pénétrer à l’intérieur de ce fort dont les murs sont épais de 4.5 mètres!
Ce rectangle de 90m sur 100 est traversé par une rue principale, s’étendant de la porte d’entrée jusqu’à un minuscule temple à l’opposé.
Ensuite, ce sont 7 ruelles transverses qui structurent le village. Leurs largeurs sont inégales, entre elles, mais aussi d’un bout à l’autre ou du sol aux étages!
Malgré l’espace limité, la plupart sont verdoyantes. Et si la maison est déjà encombrée, la machine à laver trouvera sa place devant la porte!
Dès que les m² sont plus nombreux, on n’hésite pas à installer un semblant de terrasse.
De nombreuses constructions sont récentes mais d’autres témoignent encore de l’habitat traditionnel:
Chaque ruelle est différente et livre ses surprises une à une: une terrasse en hauteur, une maison à l’abandon déjà envahie par la végétation…
… une construction plus moderne, toute en couleurs…
… des interstices entre 4 habitations qui jouent les puits de lumière…
Quelques anecdotes pour terminer. Il faut savoir que Kat Hing Wai est le dernier village hong kongais, avec Tai Hong Wai, à avoir capitulé devant les anglais en 1898. Pour pénétrer dans les enceintes, les soldats ont endommagé les murs d’entrée afin d’en déloger les doubles portes métalliques. Les villageois se seraient ensuite rendus en déposant les portes aux pieds des anglais. On raconte qu’une porte de chacun des villages était endommagée par le passage répété des cochons sauvages. Par conséquent, le gouverneur Blake aurait emporté les deux autres – dépareillées donc – pour les utiliser chez lui… en Irlande! En 1924, les villageois des deux villages ont signé une pétition qui a permis le retour des portes à Hong Kong. Il y a ensuite eu quelques querelles car chaque village voulait récupérer sa moitié. Il semblerait que finalement ce soit Kat Hing Wai qui ait hérité des deux…
Enfin, si ce village n’est pas classé monument historique c’est tout simplement parce que les propriétaires/résidents – privés – s’y opposent ! Ils préfèrent sans doute avoir plus de liberté pour construire ce qu’ils souhaitent sur des terrains hérités de leurs ancêtres depuis près de 6 siècles… au péril de la mémoire…