Le parti socialiste français (PS) organise des primaires pour le choix de son candidat présidentiel pour 2012.
Les six candidats font évidemment campagne sur tout le territoire français car le vote est ouvert à tous les Français de gauche quel que soit leur parti. Mais ce qui est plus important pour eux, pour le parti et pour le peuple français, ce sont leurs débats télévisés. À ce jour, les deux premiers de trois débats ont eu lieu et l’audience a atteint des chiffres record. Ce ne peut qu’être bon pour le parti et la preuve vient d’en être faite lors des élections sénatoriales de la semaine dernière. Pour la première fois depuis que la Vème république existe, plus de 60 ans, la gauche a obtenu la majorité absolue au Sénat, reléguant ainsi la droite à l’opposition. Pour la politique française, c’est un moment historique.
Et pendant ce temps, la cote de popularité du président Nicolas Sarkozy, qui depuis un an montrait une tendance à la haute, dégringole à nouveau.
Cette situation est surprenante ? Non, je ne le crois pas car la politique est un commerce d’images et d’illusions et la primaire socialiste en est un autre exemple. Le fait que les médias rapportent pleinement tous les évènements et tous les discours rattachés à cette primaire, donne au PS une notoriété retrouvée et lui assure une présence constante dans l’esprit français. Plusieurs en concluent à l’inévitable fin du règne Sarkozy. Ils ne réalisent pas que la remontée actuelle du PS découle en grande partie de la publicité massive, positive et gratuite générée par la primaire.
Du ce point de vue là, la primaire socialiste est une grande réussite. Les candidats se respectent, sont photogéniques, intelligents… L’image projetée est parfaite. Nous, Nordaméricains, connaissons bien la popularité gagnée par les partis politiques suite aux élections primaires des partis américains, à leurs congrès républicain et démocrate pour ratifier le choix de leur candidat présidentiel, aux courses de leadership des partis politiques canadiens. À chaque occasion, le parti remonte rapidement dans les sondages. C’est inévitable. Puis, après quelques mois, les choses se tassent et l’opinion publique revient à ses positions initiales, à moins qu’un candidat exceptionnel comme un Barak Obama ou un Pierre-Elliot Trudeau devienne le candidat du parti.
Parallèlement à la bonne presse dont jouit le PS, le président Sarkozy est victime d’une campagne de « salissage » éhontée. Chaque jour apporte de nouvelles révélations qui portent sur des évènements vieux de quinze à vingt ans. Certains de ses adversaires déterrent de pseudo-scandales à propos d’individus, toujours qualifiés de « proches de Sarkozy », du temps où il faisait partie de l’organisation de la campagne d’Edouard Balladur en 1995. Ils tournent autour de vente d’armements par la France à des pays lointains et de retro commissions qui auraient été versées pour financer cette campagne. Sarkozy n’était alors qu’un des porte-paroles du candidat, mais aujourd’hui on veut en faire le porte-valise de billets de francs versés illégalement au comité Balladur. Il est clair que ce ne sont que des insinuations mensongères qui visent à miner la réputation du président. C’est fort malhonnête car Sarkozy ne bénéficie d’aucune présomption d’innocence. C’est écrit, donc c’est vrai ! « A beau mentir qui vient de loin ».
Ses « vrais » proches ont beau venir sur la place publique expliquer qu’il ne peut être impliqué dans ces accusations, rien n’y fait. Pendant ce temps-là, le président Sarkozy travaille fort à résoudre l’impensable crise monétaire qui nous pend au bout du nez et qui risque de tout jeter par terre, parcoure le monde, s’occupe de la Lybie, de l’Afghanistan, de l’ONU, dirige le G8, le G20, vend des produits français de haute technologie, continue ses réformes, etc… représente bien la France et est apprécié dans le monde entier.
Le premier « débat » fut mal planifié et devint vite ennuyeux et soporifique. Le deuxième a adopté la formule de débat ouvert entre les candidats et s’annonçait plus intéressant.
J’ai écouté attentivement ces deux débats. A mon avis, il ne s’est dit pas grand-chose d’important. Les candidats sont divisés sur les modalités du programme PS et on ne peut savoir ce qu’il en adviendra. Ils ne s’entendent pas sur l’emploi des jeunes, n’expliquent pas le financement des 300 000 nouveaux emplois promis, promettent d’engager 60 000 nouveaux instituteurs, d’ajouter 15 000 nouveaux policiers, de bloquer les prix de l’essence et des produits de première nécessité, de ramener l’âge de retraite à 60 ans, d’abolir les lois sarkozystes votées pour corriger l’erreur magistrale que fut celle des 35 heures, d’interdire les licenciements dans les entreprises qui sont profitables, et encore… Ils proposent des idées comme si la crise économique de 2008 n’avait pas existé, que le difficile contexte économique actuel n’existe pas et qu’il n’y a pas menace d’une nouvelle crise d’une dimension catastrophique à l’horizon. C’est irréel.
Lors du deuxième débat, je fus surpris de constater qu’ils n’ont même pas parlé de l’Europe, des problèmes de ses banques, du désastre humain que peut entraîner la faillite de la Grèce, du danger qui menace le système capitaliste mondial, de la menace à l’épargne des Français et Françaises, du danger pour la croissance de l’économie française, déjà en difficulté. C’était la veille de la grande victoire surprenante de la chancelière allemande Angela Merkel qui a réussi à faire voter au Bundestag allemand le plan d’aide à la Grèce alors que tout l’Occident attendait ce vote important. Où sont les socialistes français devant le vrai problème qui nous confronte tous, Européens comme Nordaméricains ?
Ces candidats veulent diriger la France mais ne proposent pas de plans réalistes pour relancer la production industrielle dans leur pays, comme celle qui rend l’Allemagne riche. Au contraire, ils suggèrent des menaces monétaires contre les grandes entreprises pour les forcer à faire ceci ou cela. Des suggestions de toute évidence improductives. Ils se sentent incapables de proposer la méthode allemande de réunir entreprises et syndicats afin que tous travaillent ensemble à créer de bons produits qui peuvent se vendre dans le monde.
Pourquoi la France ne peut-elle pas produire des autos de haute gamme comme les Mercedes, les Audis, les BMW, les Porche qui se vendent partout sur la planète à gros prix et qui sont tous fabriqués sur le territoire allemand. Il en est de même pour une longue liste de produits industriels, d’équipements lourds et d'outillages qui sont recherchés par les meilleures entreprises. Où sont les socialistes pour s’offusquer de cette carence française et proposer une voie pour en sortir ? C’est toute l’économie française et l’emploi qui pourraient largement en bénéficier.
Les socialistes rêvent de prendre l’Élysée. Pour en faire quoi ? Pour changer les choses ? Changer quoi ? À les entendre parler, ils me donnent l’impression de ne pas connaître les vraies priorités de la France pour faire face à tout ce qui s’en vient et en sortir la tête haute. Ils risquent, par leur primaire, de démontrer clairement leur incapacité à diriger la France dans le monde d’aujourd’hui.
Claude Dupras