La marine américaine a notifié à Electric Boat, filiale de General Dynamics, un contrat de 32,9 millions de dollars pour l’achat de trois mâts optroniques de réserve pour les sous marins nucléaires d’attaque américains de classe Virginia (SSN 774, Self-propelled Submersible Nuclear).
Une tendance lourde à la non pénétration de coque
Cette commande intervient après la première livraison il y a trois semaines de périscopes Carl Zeiss pour les sous marins allemands de classe U212A, confirmant la vague de modernisation des périscopes optroniques traditionnels en faveur des solutions de mâts optroniques non pénétrants.
Le Suffren, premier sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) français des six commandés dans la nouvelle classe Barracuda et dont la livraison à la marine est prévu pour 2017, devrait lui aussi bénéficier de ces mâts optroniques de dernière génération, à la différence près que c’est Sagem qui en aura la maîtrise d’oeuvre. La filiale du groupe Safran dispose en effet de la série 30 SMS (Search Mast System) qui propose une caméra jour haute résolution, caméra infrarouge de troisième génération opérant dans la bande 3-5 µm (MWIR), une caméra Bas Niveau de Lumière avec dispositif anti-éblouissement et un télémètre laser. L’entreprise a réussi a placer ses mâts également sur les SSK Scorpènes (Self-propelled Submersible hunter-Killer) du programme P-75 de la marine indienne et sur les prochaines classes S-BR de sous-marins brésiliens.
Thales n’est pas en reste puisque sa filiale écossaise TOL (Thales Optronics Limited, liée à l’acquisition de 1991 à 2000 de Pilkington Optronics) équipe de deux de ses mâts optroniques CM010 chacun des sous marins britanniques de classe Astute et en fournira aussi à la force maritime d’autodéfense japonaise (JMSDF, Japanese Maritime Self Defence Force). La marine royale suédoise (RSwN, Royal Swedish Navy) a elle terminé en 2007 la mise à niveau de ses cinq périscopes CK038 de TOL datant de 1982.
Le système optronique
Les mâts destinés aux sous-marins américains contiennent eux-aussi plusieurs caméras numériques haute définition reposant sur la technologie d’amplification de lumière ou l’infrarouge thermique, un système de télémétrie laser et différents autres équipements optiques et électroniques.
C’est l’entreprise américaine Kollmorgen EO qui se charge de la réalisation de ces système optroniques, dans le droit fil de ses premiers périscopes conçus en 1916 pour les premiers sous-marins américains. Monté sur système hydraulique UMM (Universal Modular Mast) réalisé par l’entreprise italienne Calzoni qui est devenue filiale de Kollmorgen en 1999 suite au rachat de ces deux entités par le conglomérat Danaher Corp et dans la logique d’une collaboration débutée dès 1995 à l’occasion justement de travaux sur les sous-marins de classe Virginia.
Le mât, sous son acronyme AN/BVS-1 (V), est une modification du mât AN/BVS-1 développée dans le cadre du programme de système d’imagerie sous-marine intégré (ISIS, Integrated Submarine Imaging System) sur SNA (SSGN pour Ship Submersible Guided missile Nuclear), où il remplacera le périscopes existant type 15L. Kollmorgen est associé à Lockheed Martin dans ce programme de modernisation.
Les bénéfices des avancées en optronique pour les sous-marins
Les dernières classes de sous marins voient donc leurs périscopes remplacés par des mâts optroniques (les anglosaxons parlent parfois de photonics masts). Le fait que les signaux soient transmis via fibre optique à un poste central permet par rapport à un système de périscope classique de gagner beaucoup d’espace, denrée rare pour un sous-marin et de n’avoir à percer la coque que pour faire passer les fibres optiques.
Les propriétés de la fibre optique (bande passante, immunité électromagnétique,…) lui permettent de s’intégrer de plus en plus dans les systèmes militaires. Ainsi, Northrop Grumman Electronic Systems fournit le système de sonar passif à grande ouverture (LWWAA, LightWeight Wide-Aperture Array) basé sur la mesure d’un déphasage par interférométrie acousto-optique FOAS (Fiber-Optic Acoustic Sensors), au lieu des traditionnels capteurs hydrophones céramiques. Ce sonar LWWAA se compose de trois panneaux large éventail montés de chaque côté de la coque du sous-marin.
Sources :
- communiqué de presse du 16 septembre 2011 de General Dynamics
- article du 01 juillet 2005 sur Defense Industry Daily
- article du 12 octobre 2010 de Jane’s
- spécifications techniques des SSN 774 Viriginia
- solliciation du 15 janvier 2004 du Féderal Business Opportunities
- article du 19 juillet 2009 du Defense Industry Daily