Les protéines HSP (pour Heat Shock Proteins) appelées aussi protéines « chaperonnes » sont nécessaires à la survie des cellules cancéreuses. Ces protéines HSP sont surexprimées par les cellules tumorales, leur permettant ainsi de s'adapter aux conditions environnementales liées au développement du cancer chez le patient. Elles protègent ainsi les cellules tumorales de la mort, notamment induite par les médicaments de chimiothérapie. Plusieurs inhibiteurs des protéines HSP sont actuellement à l'étude dans des essais cliniques chez l'homme pour le développement de nouveaux traitements anti-cancéreux.
Mais les chercheurs ont identifié, dans le cancer colorectal, la mutation d'un des gènes de la famille HSP, affectant le gène HSP110. La protéine mutante perd plusieurs domaines protéiques essentiels à son activité. Ce mutant est exprimé à des niveaux variables dans presque toutes les lignes de cellules des tumeurs primaires testées par les scientifiques d'une forme particulière de cancer colorectal, représentant environ 20 % de l'ensemble des cancers colorectaux chez l'homme.
Les cellules tumorales exprimant la protéine mutante sont fragilisées et montrent une sensibilité accrue aux chimiothérapies prescrites (oxaliplatine et 5-fluorouracile) chez ces patients atteints d'un cancer du côlon. Les auteurs constatent que les patients qui expriment fortement la protéine mutante dans leur tumeur répondent très favorablement à la chimiothérapie et qu'a contrario, ceux qui expriment la protéine mutante dans leur cancer à des taux plus faibles répondent moins favorablement au traitement et récidivent.
Les patients bénéficiant d'une chimiothérapie sont ceux qui souffrent d'une forme grave et malheureusement fréquente de la maladie, précise l'Inserm. "L'identification du statut d'HSP110 dans la tumeur par des méthodes facilement utilisables en clinique devrait donc permettre d'améliorer leur prise en charge thérapeutique, en renseignant au moment du diagnostic le thérapeute sur le potentiel de résistance de la tumeur à la chimiothérapie", concluent les chercheurs. A plus long terme, la découverte de nouveaux composés qui seraient capables de mimer l'effet de la protéine HSP110 mutante dans la cellule cancéreuse constituerait une avancée significative dans le traitement du cancer.
Source:Nature Medicinedoi:10.1038/nm.2457« Expression of a mutant HSP110 sensitizes colorectal cancer cells to chemotherapy and improves disease prognosis”et communiqué Inserm (Visuel)-(Vignette CCR cells Cancer Research UK)