L’Europe fait aujourd’hui face à une crise de la dette et l’Euro est en baisse constante face au Dollar. De nombreux experts et clubs de réflexion se sont penchés sur la question, et certaines de ces idées interpellent. Par exemple, le laboratoire social de réflexion Lasaire préconise une hausse concertée des salaires sur la zone Euro pour sortir de la crise.
- Le laboratoire social Lasaire
Lasaire est un laboratoire d’action, de réflexion, d’échange et d’innovation. Il a été fondé par Pierre HERITIER, ancien secrétaire national de la CFDT et ancien président de la Lyonnaise de banque et il est actuellement présidé par Jean-Cyril SPINETTA, ancien PDG du groupe Air France-KLM.
Le laboratoire se définit comme un lieu d’échanges entre syndicalistes, dirigeants d’entreprise et chercheurs français et européens.
Il a une fonction de laboratoire d’idées, avec la participation d’économistes, sociologues et partenaires sociaux. Les thèmes abordés sont ceux de l’emploi et du chômage, de l’organisation du travail, de la protection sociale (suite à la réforme des retraites et à la réforme du financement du système de santé) et des nouvelles normes comptables.
Il a aussi une fonction d’échange et de débats avec les acteurs sociaux sur les thèmes de la formation professionnelle, du dialogue social et des politiques monétaires Européennes.
Pour Lasaire, la crise que traverse l’Europe actuellement est une crise systémique du capitalisme et non une crise économique ou financière.
- Augmentation des salaires comme solution à la crise
Le laboratoire Lasaire prône la relance du pouvoir d’achat via la hausse des salaires (dans la cadre d’une coordination Européenne) comme solution à la crise. Il estime que la part des salaires dans la valeur ajoutée s’est effondrée au fil des années au profit des bénéfices des actionnaires et des investissements hasardeux.
En effet, il estime que l’augmentation des salaires est le seul levier pour pouvoir sortir de la crise, puisque les autres leviers ne sont pas actionnables actuellement. L’un des autres leviers est le commerce extérieur, mais la politique industrielle a été démantelée. Et le troisième levier est de jouer sur la dépense publique, mais l’heure est plutôt à la réduction des déficits. Il préconise donc une hausse des salaires concertée dans la zone Euro.
L’augmentation du pouvoir d’achat relancera la consommation et l’activité des entreprises. A terme cela pourra donc générer plus d’embauches. De plus, une relance de la consommation permettra aussi de renflouer les caisses de l’Etat de la Sécurité Sociale. Ce raisonnement rejoint celui de l’économiste britannique J.M. Keynes (1883 – 1946), pour qui une baisse des salaires entraîne une contraction de la demande et une baisse de la production.
- Mise en œuvre concrète selon Lasaire
Pour mener ce projet à bien, il faudrait réunir syndicats, patronat et représentants des Etats Européens pour définir des fourchettes de hausse des salaires en fonction des particularités de chaque pays, qui pourra ensuite le mettre en œuvre au niveau national selon ses propres spécificités. Dans le cas d’un désaccord entre les parties, ce sera au politique de trancher.
Cette augmentation des salaires ne serait pas harmonisée mais réalisée en fonction des gains de productivités de l’entreprise dans l’année, et cela pourrait fonctionner à condition de tout le monde joue le jeu pour ne pas bouleverser les rapports de force entre les entreprises Européennes.
Cela nécessiterait aussi de mettre en place des politique communes Européennes par rapport au commerce avec le reste du monde, pour ne pas perdre en compétitivité.
Le laboratoire avait déjà présenté ses propositions en 2008, en vain. Pour l’heure, il estime que cette solution pourrait se heurter à des résistances, notamment de la part du MEDEF. Mais il pense aussi pouvoir recevoir l’appui de certains patrons de PME qui pourraient comprendre l’intérêt de la démarche.
- Avis Sequovia
La solution proposée par le laboratoire Lasaire pour sortir de la crise pourrait fonctionner en théorie, et c’est en plus une solution qui favorise les salariés. En revanche, la condition sine qua non étant que tous les pays Européens adhèrent à cette solution, la mise en place de ce système semble plutôt difficile à mettre en œuvre.
En résumé, cette idée, si elle est envisagée, risque de faire naître le débat entre tous les acteurs économiques et de provoquer un certain rejet de la part des entreprises. Mais elle a au moins le mérite de faire réfléchir sur la répartition des profits en entreprise.