« Belle découverte ! » vous exclamerez-vous. Que le PS soit en train de réussir magistralement sa primaire, vous l’aviez constaté tout seuls. Oui, mais ce n’est pas moi qui le dis. C’est… un journaliste du Figaro, dans une vidéo de commentaire du deuxième débat.
Mougeotte : « On n’est pas là pour emmerder la droite ! »
Evidemment, il faut bien chercher. La vidéo n’est pas titrée sur ce constat accablé, mais, de manière plus
« figarorthodoxe », « Aubry et Royal obligées de provoquer Hollande ». Pourtant, François-Xavier Bourmaud dit bien « mauvaise nouvelle pour la droite ». J’ai dû
réécouter deux fois, pour m’assurer que ce n’était pas un bug, ou un canular des Yes Men.
« Mauvaise nouvelle pour la droite ! » Comme il y va, Bourmaud ! Il ne le sait pas, que le patron a expliqué « qu’on n’est pas là pour emmerder la droite » ? Et il n’est pas seul. Voici qu’un autre article, donnant la parole à des députés UMP, aboutit au même constat. Mais que se passe-t-il ? C’est Potemkine, soudain, chez Mougeotte ?
Notez que le haut-commandement tient encore la garde de fer des titreurs, ce qui est l’essentiel, le propriétaire Dassault ne lisant que les titres. Ainsi, le micro-trottoir à l’UMP est titré « La primaire PS commence à agacer l’UMP » et pas « L’UMP constate la réussite de la primaire PS », par exemple.
Mais tout de même ! Si par inadvertance (on a parfois, à cet âge des mouvements incontrôlés) le propriétaire cliquait
sur la vidéo ! Pour vous avouer le fond de ma pensée, j’hésite même à écrire ce que j’écris, ne souhaitant pas handicaper la mutinerie en cours (mais si vous avez des soucis, Bourmaud, on
vous offrira l’asile politique).
Pile, je gagne ; face, tu perds
C’était pourtant simple, le commentaire sur la primaire PS. Vous n’aviez pas lu les consignes, Bourmaud ? Si les
candidats dégainent, décrire la passe d’armes, le calibre des flingues, les balles, la trajectoire, les impacts, les dégâts, etc. Et s’ils ne dégainent pas, hurler au match arrangé, et exiger
le remboursement.
Dans le pire des cas, mettre en valeur les activités présidentielles (fastoche : au moment du débat, Sarkozy décorait Yvette Horner. Où est-il, l’édito vidéo sur l’accordéon ? ) C’était pourtant simple : du gagnant gagnant. Pile, je gagne ; face, tu perds. Si, après Bouygues, Dassault perd le contrôle, où va-t-on ?
Par Daniel Schneidermann, Fondateur d’@rrêt sur images, pour « Rue 89″