Silène, le satyre, le précepteur de Dionysos et inventeur avec Pan, de la flute, Silène donc nous joue du pipeau avec une arrogance insolente, il se déplace sur ses sabots crochus par petits bonds en souriant au tout venant, volant des baisers aux jeunes filles et troussant les nymphes dans les buissons avec force ; il trousse, il prend de force par plaisir, par habitude, il est connu, il est puissant, il impressionne et nul ne lui résiste. Le mensonge est pour lui une seconde vérité, car sa vérité est absolue, mais nous devons craindre sa colère, car en appelant Zeus pour l’humiliation que nous lui faisons subir, le voilà qui nous changera en baudet, alors que pour l’instant, les femmes qu’il abuse sont les dindes d’une farce sordide, et qu’il farcit à volonté.
Pour Alcibiade, Silène est laid et sordide, mais à l’intérieur, il est beau comme un dieu, pourtant, tout ce que ce Silène nous montre depuis quelques mois, c’est une âme fourbe, sans compassion, ni même de pitié pour ses victimes, son intérieur est aussi sale que l’eau saumâtre des marais putrides du Tartare. Son visage rond, ses oreilles pointues, ses sourcils noirs en crête, nous avons la représentation parfaite du satyre antique, pire, sa réincarnation auprès des mortels que nous sommes au XXIe siècle.
Face à lui, une Nymphe, fragile, sensible, petite déesse subalterne de la nature, délicate et plus jeune, attirante pour le satyre qu’il est, rusé, il appelle à l’aide en sachant que la nymphe répondra à sa détresse, car elle est sensible à la douleur, il l’attire dans son piège, feint la victime de l’âge et du destin, tout en laissant approcher ses mains de la jeune déesse, sa plaie est déjà refermée, il a menti, dans les yeux de la nymphe la surprise, l’horreur du piège, Silène, pornocrate ne vit que de libation et de libération sexuelle, il lui saute dessus, elle se défend, il insiste, elle se débat, finalement, elle puise la force de se défaire de son étreinte et disparaît dans les eaux de la liberté, mais terriblement blessée.
Silène est furieux, elle le lui paiera, comment une simple nymphe peut-elle se refuser au précepteur du dieu de la libation ? Oui, comment ?
Choquée, la nymphe se cache, appelant sa mère à l’aide, celle-ci lui répond qu’il ne faut pas fâcher les dieux et l’encourage à se taire, mais sa douleur est telle qu’elle ne peut garder le silence, cette horreur qu’elle ressent doit être révélée, les dieux et les hommes doivent savoir à qui ils ont à faire, Silène est un monstre souriant.
De son côté, Silène continue de violer, d’abuser, de se servir dans le vivier des femmes qu’il côtoie au point qu’il ne sait plus, il ne sait plus ce que violer veut dire, c’est pour lui une seconde nature, il est tout de même le fils d’Hermès et dieu à demi, il a des droits et il en abuse.
Les années passent, Silène s’en donne à cœur joie, il aime sa femme mais plus encore celles des autres, il n’est fidèle qu’à une chose, ce « fascinus » qui pend entre ses cuisses et qui doit se répandre au goute à goute sur lesquelles il a jeté son dévolu. Il est brutal, il est violent, il est menteur et fourbe, il est… Silène.
Mais aujourd’hui, les hommes veulent connaître la vérité sur qui il est, et lui, il passe son temps à faire des pirouettes et des pieds de nez pour noyer la vérité dans un flot d’incohérences devenues incompréhensibles, mais notre petite nymphe se défend et affronte le satyre, Silène le fourbe se refuse à la regarder, il la hait et s’il la regarde, il lui jette un sort là, sur la table devant tout le monde, son sang bat dans « fascinus » qui tonne comme mille tambours contre sa cuisse, non, il refuse de la regarder et affirme que lui, Silène a juste souhaité lui voler un baiser mais certainement pas son innocence, mais pour qui connaît Silène, chacun sait qu’il ne se contentera jamais d’un simple baiser surtout de la part d’une si jolie nymphe.
Le voilà qui repart, heureux, content de lui et de sa forfaiture, qui peut contester sa parole, qui ? Elle, ce n’est qu’une nymphe mineure, elle ment assurément, elle n’a que ça à faire, lui, il est protégé par son immunité Olympique.
Les hommes ne peuvent juger les Dieux et les immortels, seuls les dieux ont ce pouvoir sur leurs pairs, mais personne ne prendra parti contre Silène, car à un moment ou à un autre, ils se sont tous comportés de l’exacte même manière avec des femmes humaines ou des jolies nymphes. Mais nous devons saluer le courage de la jeune nymphe qui affronte un monstre intouchable avec force et détermination.
Nous vivons une époque formidable…