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La férocité de la maternelle

Publié le 30 septembre 2011 par Legraoully @LeGraoullyOff
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La férocité de la maternelle

Il aura suffi de deux débats aux socialistes pour jeter aux orties leur unité de façade, et les petites phrases assassines commencent à fuser à la même fréquence que les séismes au Japon. La perspective du pouvoir détériore les meilleures intentions depuis que le pouvoir existe, et ce n’est pas encore en 2012 que ça va changer. Heureusement, la droite qui est aux affaires depuis presque dix-sept ans a abandonné depuis longtemps toute vélléité de nous désillusionner sur le sujet.

Soyons galants (pas par sexisme mais par simple politesse), et parlons en premier lieu de Mme Carla Bruni-Sarkozy. Dans les sujets négligés par le féminisme que j’abordais hier, on devrait aussi classer la Première Dame de France. Pour quelqu’un qui ne voulait pas afficher sa vie privée, elle a tant décrit le moindre symptome de sa grossesse que j’ai l’impression de connaître la configuration de son utérus mieux que mon propre salon. Comme partout où passe Sarkozy en ce moment, il provoque une révolution, le roi du Maroc devrait commencer à couvrir ses arrières et Carlita devrait bientôt ressentir les premières contractions qui je l’espère la fatigueront suffisament pour la dispenser d’enchaîner les banalités d’usage sur l’instinct maternel et la joie d’enfanter qui laissent à penser que le locataire de son ventre ne se nourrit pas de placenta mais directement des neurones de sa génitrice. Dans une interview à paraître dans le Figaro Madame, elle affirme que « l’instinct de survie se manifeste dans le désir d’enfant », ce que confirment pas mal de curés, et que « si la reproduction humaine était liée à la perspective d’une vie parfaite », on ne serait pas là pour en parler. Encore heureux, sans quoi plus un enfant n’aurait vu le jour en France depuis que son mari a accédé à la magistrature suprême. Plus loin, la future maman avoue que la maternité est difficilement conciliable avec une vie d’artiste. On pourrait lui rétorquer que l’absence de talent l’est tout autant, mais on se contentera de lui rappeler qu’il est encore plus difficile d’harmoniser l’éducation de ses enfants avec sa vie professionnelle quand on n’a pas la chance d’avoir un époux avec de hautes responsabilités et une riche ascendance piémontaise. Oui, je suis méchant et cruel, mais comme le dit l’ex-mannequin: « la férocité humaine, je la connais depuis la maternelle ». Si vous y voyez un lapsus, c’est que vous êtes aussi mauvais que moi.

Restons dans les hautes sphères de la République, et appliquons notre férocité d’école maternelle au ministre des Affaires Etrangères. Alain Juppé, le Duc de Bordeaux qui ressemble au mien (humour sétois), commence lui aussi à y penser en se rasant, et en « rêve même les yeux ouverts ». Le repris de justice, toujours aussi droit dans ses bottes, assure Nicolas Sarkozy de son soutien «  »sans ambiguïté pour assurer sa réelection en 2012. Mais toutefois, on ne sait jamais, éventuellement, si l’ombre de la possibilité de la perspective que Sarko préfère s’occuper des langes de son petit se présentait, (et si les juges que le maire de Bordeaux connaît si bien avaient l’amabilité de s’intéresser au lutin de Neuilly pour finir de pourrir son mandat), Juppé se tiendrait prêt à faire don de son crâne luisant à la France. S’il semble peu probable que le Président lâche l’affaire à sept mois du scrutin en dépit de la batterie de cuisine que lui et ses proches se traînent, « le meilleur d’entre nous » , comme disait Chirac, pense quand même qu’en 2017, il faudra absolument organiser des primaires à droite, alors qu’il n’y a pas une semaine, il trouvait celle du PS totalement inaudibles et ridicules. Depuis que le Sénat est passé à gauche, Copé ne fait même plus semblant de tenir ses troupes, la Droite Populaire est encore plus facho que d’habitude, et comme la trahison du chef est une tradition inscrite dans les gênes de la droite, la campagne électorale risque d’être un concours de coups de poignards à faire passer Eric Besson pour un parangon de fidélité à côté duquel Pénélope ne serait qu’une catin. Si le désir d’enfant est une manifestation de l’instinct de survie, la droite agonisante risque de faire plein de petits au Front National à ce rythme.

Dans un prochain épisode, nous nous amuserons du fait que dans six mois l’enfant du couple Sarkozy-Bruni pourra récupérer les habits de son paternel, ce qui laissera à Carla le loisir de se consacrer à sa vie d’artiste plutôt que de courir les magasins de fringues.


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