C'est de la folie - Depuis quatre ans, une psychiatre
parisienne inonde de courriers infamants sa petite ville d'origine, Guingamp.
En proie à un délire paranoïaque, elle est recherchée par les gendarmes, mais
reste à ce jour introuvable - Toujours la même petite écriture, ramassée,
fébrile. Des feuilles format A4 couvertes d'une prose irrespirable, noms et
dates soulignés à gros traits, phrases incohérentes et diffamatoires, le tout
plié bien proprement dans des enveloppes dûment affranchies. Dans chaque bar,
dans chaque boulangerie, dans chaque épicerie de la ville, le patron récupère
une enveloppe dans le fouillis de sa corbeille, en tire un paquet du
tiroir-caisse, haussant les épaules : « La psy ? Tenez, la
lettre qu'elle a envoyée il y a trois jours. Et puis celles-là, reçues il y a
deux semaines. » A la mairie, la boîte d'archives déborde. Au
tribunal, la petite silhouette de Mme le procureur disparaît derrière trois
gros dossiers pleins à craquer d'enveloppes. « A la gendarmerie, vous
n'imaginez pas les piles qui s'entassent », raconte un habitant venu
apporter ses lettres aux autorités. Commerçants, notables, anonymes :
personne, à Guingamp, ne semble échapper à l'ahurissant raz de marée
épistolaire de celle que l'on a surnommée « la psy ». La
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