Les sept arts libéraux du trivium (grammaire, rhétorique, dialectique ) et du quadrivium (arithmétique, géométrie, musique, astronomie ) s'appellent libéraux parce qu'ils sont précisément les arts des hommes libres par opposition aux esclaves qui exercent les arts mécaniques ou manuels. La polémique sur les arts mécaniques fut d'une extraordinaire intensité du milieu du XVI ème siècle jusqu'au milieu du XVII ème siècle.
Au mot mécanique, le dictionnaire français de Richelet ( publié en 1680 ) donnait la définition suivante : " Ce mot mécanique, en parlant de certains arts, signifie ce qui est opposé à libéral et honorable: il a le sens de bas, vilain et peu digne d'une personne honnête et libérale ". Les thèses de Cliclès courent encore au XVII ème siècle : vil mécanicien est une insulte incitant un gentilhomme à tirere l'épée.
D'un autre coté, l'éloge des mains chez Giordano Bruno, l'apologie des arts mécaniques qu'on trouve dans une multide de textes d'ingénieurs et de constructeurs de machines du XVI ème siècle et que reprendront Bacon et Descartes, acquièrent à la lumière de ces considérations, une très grande signification.
En 1609, Galilée pointait sa lunette vers le ciel. Ce qui marque une révolution c'est la confiance que place Galilée dans un instrument venu des mécaniciens. Pour accorder foi à ce que l'on voit avec la lunette, il faut croire qu'un tel instrument sert non pas à déformer mais à augmenter la vue.
Faire entrer les instruments dans la science, les concevoir comme source de vérité ne fut pas entreprise facile.
La naissance de la science moderne. Paolo Rossi