Cette toute première biographie consacrée à l’un des derniers prix Nobel de littérature française retrace l’itinéraire d’un écrivain qui en dépit des innombrables thèses qui lui ont été dédiées reste tout à la fois universellement admiré et curieusement méconnu. La haute exigence formelle de cette oeuvre trop souvent jugée ardue a longtemps occulté une évidence qui jalonne toute la production écrite de Claude Simon : son ancrage dans un vécu complexe qui la traverse de part en part et dont elle revisite et décompose livre après livre les ressorts les plus intimes. Issu d’un milieu bourgeois et conservateur, très vite orphelin de père puis de mère, Claude Simon s’est construit dans une relation conflictuelle à ses origines. Il y a l’enfance, bien sûr, récurrente dans son oeuvre, mais également d’autres moments marquants, comme son expérience de la captivité pendant la Seconde Guerre mondiale, dont il rendra compte dans La Route des Flandres. Le refus du roman traditionnel qui l’a trop vite classé dans la mouvance du « nouveau roman » apparaît en ce sens tout à la fois comme une ascèse et comme une tentative sans cesse renouvelée d’explorer les non-dits et les secrets les plus enfouis d’un passé douloureux. Tout le propos de cette biographie richement documentée, et écrite d’une plume alerte et sensible, est de nous démontrer combien la vie de Claude Simon est d’abord et avant tout l’histoire d’une émancipation, et son oeuvre un exorcisme permanent des fantômes de la mémoire.
Date de parution 29/09/2011
768 pages - 23 € TTC
Cadix 1811. Joseph Bonaparte est sur le trône d’Espagne et le pays lutte contre l’occupation des armées napoléoniennes. Mais dans la ville la plus libérale d'Europe, les batailles sont d’une autre nature. Des jeunes filles y sont brutalement assassinées à coups de fouet, à l’endroit exact où tombent les bombes françaises. Ces meurtres tracent sur la ville une carte sinistre, un échiquier sur lequel la main d’un joueur invisible semble déplacer ses pions selon les lignes de tir, la direction des vents, ou de savants calculs de probabilités, scellant le destin des personnages : un policier brutal et corrompu, l’héritière d’une importante compagnie de commerce maritime, un corsaire prêt à risquer sa vie par amour, un taxidermiste misanthrope et un excentrique artilleur français. Cadix, ou la Diagonale du fou, narre la fin d’une époque dans une ville énigmatique et ténébreuse sous l’apparente blancheur de ses murs et de sa lumière océane.
Traduit de l’espagnol par François Maspero
Sciences humaines (H.C.)
304 pages - 20 € TTC
Le pire des mondes ? D’une certaine manière il est déjà là. Partout, précarité, insécurité et d’intolérables inégalités ; des milliards d’humains dans la pauvreté. Gaspillages, pollutions, recul de la biodiversité, dérèglement climatique, acidification des océans… tout cela en quelques décennies. Mais le pire est peut-être à venir. Car les maîtres du capitalisme refusent de renoncer à la domination du monde. Ils ne se contentent plus de résister à la nécessaire transition écologique et sociale : ils ont résolu de façonner la mutation en cours pour qu’elle assure d’abord leurs pouvoirs et leurs privilèges, fut-ce au prix de l’exclusion d’une large part de l’humanité, de la dévastation accrue de la Terre et d’une fuite en avant guidée par l’illusion que la techno-science peut tout faire mieux que la nature. Soucieux de préserver les libertés de surconsommer et de gaspiller, certains préconisent des réductions massives de populations ; partout dans le monde se mettent en place des formes d’apartheid entre riches et pauvres qui préfigurent un monde où seront en priorité protégés des aires d’opulence. Sur la base d’un implacable bilan du Sommet de Rio de 1992, ce livre décrit la mécanique d’un engrenage fatal qui affecte toute la planète. Écrit pour renforcer l’esprit de résistance, il propose aussi des instruments que des gouvernements authentiquement progressistes pourraient mobiliser pour prendre une autre voie.