La grande fraude – Crime, Subprimes et crises financières de Jean-Françcois Gayraud , Odile Jacob, 2011.
L’auteur est docteur en droit et propose son explication sur la crise financière. L’explication économique et financière est que des forces abstraites impersonnelles , des cataclysmes genre catastrophe naturelle. Les gens de Wall Street sont donc des victimes d’un tsunami que rien n’aurait pu prévenir. La question à se poser: quelle est la part de responsabilité de l’homme. Pour l’auteur la crise trouve sa racine dans le dysfonctionnement des institutions de surveillance et de contrôle qui sont des choix politiques. Il cite T. Veblen , un économiste et sociologue du début du 20 ième siècle qui affirme que l’économie est traversée par 2 instincts: l’instinct artisan et l’instinct de proie. L’homme de travail est paisible par nature mais l’homme de proie est en compétition, il est agressif et tente constamment d’écraser par sa supériorité. Le prédateur s’enrichit sur par la dépossession des autres et par la manipulation. On retrouve l’instinct prédateur chez les hommes politiques, les sportifs, les financiers et spéculateurs. Ils représentent l’élite.
Il cite aussi un philosophe Gilles Chatelet qui a écrit en 1998 le livre “Vivre et penser comme des porcs” et que pour les financiers , l’homme moyen est le paysan d’autrefois qui devait payer le seigneur par son travail.
Le financement des campagnes pour les élections a un effet corrupteur et rendent les politiciens redevables aux donateurs en premier lieu et en second lieu aux électeurs. Nous sommes dans un environnement criminogène qui se résume en 3 mots: dérégulation, désupervision et déminicralisation. Les 3 “D”.
Je termine par une citation de B.J. Stein que l’on retrouve dans le livre:
Comme devrait le savoir toute personne qui a gagné sa vie dans les affaires, quand les flics restent à la maison pour regarder la télévision, les criminels deviennent incontrôlables. Même les hommes qui, à l’origine, ne sont pas tentés de devenir des criminels le deviennent. Adam Smith le savait quand il disait que, laissés sans contrôles les hommes d’affaires conspireront toujours contre le bien public en s’entendant sur les prix. Joseph Kennedy le savait quand il fut premier patron de la SEC. John Kennedy le savait quand il disait que tous les hommes d’affaires étaient des fils de putes.
Un excellent livre, qui se lit comme un roman et écrit d’une façon très imagée.