Le 6 septembre 2011 la BNS décide de maintenir l'euro à un cours plancher de 1.20 franc suisse
ici, c'est-à-dire de lier le sort du franc suisse
à celui de l'euro.
Le 30 septembre 2011, c'est-à-dire demain, seront enterinées définitivement par le Parlement les mesures présentées par le Conseil fédéral
le 31 août 2011 ici [la photo de cette conférence de
presse provient d'ici].
Dans peu de temps on connaîtra le coût réel de cet interventionnisme étatique dans l'économie et on pourra regretter l'occasion manquée que procurait un franc fort. C'était en effet
une véritable opportunité pour les entreprises suisses de marquer des points par rapport à leurs concurrentes européennes, que les autorités helvétiques n'auront pas saisie, dans tous
les sens du terme.
Bientôt nous aurons une idée de ce qu'aura coûté l'achat d'euros par la BNS pour maintenir le franc
suisse à un cours plancher arbitraire. Il suffira de jeter un coup d'oeil sur le montant des placements de devises de la BNS au 30 septembre 2011. On ne le saura
vraisemblablement qu'une fois passées les élections fédérales du 23 octobre prochain, dans un mois... A fin août 2011 ces placements représentaient 253 milliards de francs, contre 197
milliards à fin juin 2011...
La plus grande part du plan contre le franc fort, qui sera adopté demain, et applicable dès le lendemain, s'élève à 500 millions de francs et est destinée à permettre
l'indemnisation d'éventuelles réductions d'horaires de travail. Cela veut dire que, si cette éventualité se présente, on sera prêt à colmater les brèches. C'est aussi admettre que l'économie
suisse est sur la défensive...
N'aurait-il pas mieux valu rendre les entreprises suisses plus compétitives en abaissant leurs coûts, par exemple
en abaissant l'impôt sur les sociétés comme le suggérait Victoria Curzon-Price dans un article du Temps du 14 septembre 2011 ici ? Ce qui n'enlève pas la contrainte bénéfique pour les entreprises d'améliorer encore leur
productivité par l'innovation et la créativité.
Les autres mesures qui seront adoptées définitivement demain - 212,5 millions pour la technologie et la recherche, 100 millions pour l'hôtellerie, 46,5 millions pour les transports, 10
millions pour les exportations de produits agricoles transformés - sont toutes des mesures sectorielles qui favoriseront automatiquement certaines entreprises en mauvaise posture aux
dépens de celles qui se portent bien.
Comme le soulignait Victoria Curzon-Price dans l'article cité plus haut :
"Il n’y a rien de plus détestable en politique économique que d’imaginer des mesures qui font de la discrimination, en l’occurrence entre les secteurs exposés à la
concurrence internationale et les secteurs «intérieurs». Non seulement ce genre de distinction est contraire à l’esprit du droit – il est injuste – mais il n’a aucun fondement économique. Tout
étant lié à tout dans l’économie, ces distinctions n’ont aucun sens."
Cet interventionnisme donne donc l'impression d'être une réponse précipitée plutôt que réfléchie à la situation. Il faut dire que dans un peu plus de trois semaines ont lieu
les élections fédérales ... et que le gouvernement, de même que les parlementaires, doivent montrer justement qu'ils ne sont pas restés les bras croisés devant cette situation. Ceci explique
cela...
Francis Richard