Je n’ai pas la critique facile, je suis au contraire en général bon public. Même lorsque je n’ai pas aimé une œuvre (sauf bien entendu dans les cas extrêmes) j’essaie toujours de trouver quelque chose de positif à dire, ou de récupérer un détail même insignifiant qui pourrait m’inciter à en dire un peu de bien.
Dans le cas qui nous préoccupe aujourd’hui, sur ce Catwoman, j’ai beau lire et relire ce premier numéro, évaluer de mon oeil (hypermétrope et astigmate) les tracés de Guillem March, la seule chose qui m’a amusé, c’est sa manière de dessiner les compagnons félins de Selina, remarquez c’est peut être déjà pas mal.
Je l’ai déjà dit (et quitte à me faire traiter de chienne de garde, j’aurais préféré être une chatte, mais tant pis), la vision de Catwoman que l’on nous propose ici est pour moi un beau foutage de gueule, autant pour les lectrices que pour les lecteurs, qui nous ramène presque 20 ans en arrière, à l’époque de l’âge d’or des Bad Girls. A cette époque, on avait le choix entre l’héroïne hyper sexy aux formes généreuses et dont la cible était le jeune mâle concupiscent, et….. pas grand chose d’autre. Si bien sûr il y avait autre chose, il y avait Katchoo, il y avait Death, il y avait Thorn Harvestar… mais on ne peut pas dire que ces héroïnes sont celles dont on se souvient le plus, pas vrai ?
Je pense personnellement qu’il fallait qu’on en passe par cette période pour ensuite pouvoir passer à autre chose. J’ai moi même succombé à l’époque aux charmes d’Aspen, Claitlin, Sara, Ariel, qui me tendaient les bras au détour d’un rayon de kiosque à journaux et je prêtais plus attention aux crayonnés de Michael Tuner et autres Jim Lee, qu’à un scénario souvent bancale et grossier. Mais j’avais 17 ans. Aujourd’hui j’en ai 34 et je veux autre chose. J’en ai besoin. Je veux me retrouver face à une héroïne qui se suffise à elle même, pas une dominatrice, pas un objet sexuel, je veux voir une femme dont la valeur ne se mesure pas par ses rapports avec les hommes. Et ici je parle bien de rapports humains.
Le problème avec Catwoman, c’est qu’il y a eu cette méprise assez tôt dans son histoire, et qu’au bout du compte ça ne s’est jamais arrêté. Désolée les enfants mais Catwoman est condamnée à rester une S***pe (qui à priori est le synonyme de « Femme Libérée » pour certains), et puis c’est tout.
Mais même si on accepte c’est état de fait (en même temps avons nous le choix ?) que reste-il de l’histoire et du dessin ? Et bien avec tous les efforts du monde, ça reste moche, et pourtant j’aime Guillem March (vu que j’en avais déjà parlé sur ce blog sans savoir qu’il allait travailler sur Catwoman) avec sa sensibilité somme toute européenne et sa vision de l’érotisme qui ne sont pas sans faire penser à Manara sur d’autres travaux qu’il a pu effectuer. Mais là franchement on est à des années lumières d’un quelconque érotisme, non ce n’est pas érotique, c’est vulgaire.
Catwoman a tout foiré là où Voodoo a réussi son pari. Ce n’est certes pas évident de trouver le bon ton, mais comparez si vous le pouvez ces deux comics tant certaines scènes paraissent identiques, et vous comprendrez ce que je veux dire.
Et pourtant, on aurait espéré mieux de Judd Winnick qui est quand même l’auteur du fameux « Hate Crime » de Green Lantern (cf le dossier sur l’homosexualité dans les comics), et lui qui a travaillé sur Power Girl…
Il est vrai qu’avant de ruer dans les brancards, il faut savoir attendre un peu et laisser voir venir, c’est ce que je fais d’ailleurs avec le personnage de Bunker qui fait aussi beaucoup parler de lui. Malgré tout, au delà de cette polémique, ce Catwoman reste extrêmement léger, et un peu trop facile à mon goût.