Je lis un ouvrage de 1704, l'un des tous premiers livres conçu pour l'enseignement des mathématiques. C'est impressionnant de constater avec quelle minutie l'auteur prend soin d'une part de justifier la nécessité de l'enseignement de cette nouvelle matière au regard de l'autorité religieuse et d'autre part avec quelle précision il entre dans la psychologie de l'apprentissage en séparant bien cet acte de la vision sensible du monde et la nécessité de hiérarchiser la démarche logique partant des axiomes ( propriétés semblant évidentes et ne demandant aucune démonstration ) pour terminer par les corollaires des théorèmes ( propriétés déduites ). Entre ces deux extrémités, se place la démonstration qui doit être courte car les jeunes gens n'ont pas un esprit supportant une longue concentration ( ah ! les jeunes ne sont vraiment plus ce qu'ils étaient, oups excusez-moi nous sommes en 1704 ! ). Ce point de vue n'était pas "évident" à cette époque où la pédagogie n'existait pas et l'auteur de rappeller la nécessité de prendre du temps et d'organiser de façon pédagogique le contenu des connaissances pour le transmettre et le faire sien. Le lecteur devant apporter sa propre contribution au livre de façon à se l'approprier.
Or, c'est bien exactement l'inverse que nous permettent les blogs, lassant nos quelques lecteurs lorsque la note est trop longue, trop abstraite et ne permettant aucunement un cheminement de pensée puisqu'il faut sans cesse rappeler la définition des termes que l'on peut utiliser ou son point de vue, celui-ci étant enterré sous une montagne de notes successives.
Au grand désespoir de l'abbé Lamy, les blogs sont en tous points antipédagogiques, restant définitivement dans l'affectif, dans le sensible, même si l'on peut parfois en qualifier certains, "affectivement", d'érudits.
Alors navigons à la surface des eaux troubles en créant nous-mêmes nos tempêtes affectives....
Foules sentimentales...