Je ne m'étais pas franchement sentie concernée par son discours. En fait, je pensais naïvement qu'en matière de lutte pour les droits de la femme, on avait bouclait la boucle en France et ce depuis la loi sur l'avortement.
Et puis, son discours avait pris une coloration agressive qui me déplaisait. Soudain, elle s'était mise à vanter les mérites de la femme, tellement plus intelligente que l'homme qui est, c'est bien connu, un gros porc sans cervelle. Pour être tout à fait honnête, certains mâles ont le don de m'exaspérer comme ceux qui hurlent "mademoiselle t'es charmante" pour balancer ensuite "vas y s*****" lorsque tu refuses de donner ton "06". Mais ce n'est pas pour autant que je considère que tous les hommes sont stupides et qu'il faut les réduire en esclavage à coup de talons aiguilles. Pour finir, j'avais complètement quitté le débat au moment où elle m'avait accusée de desservir la cause en portant des jupes. Elle avait dit quelque chose comme : "Et dire qu'on s'est battues tant d'années pour pouvoir porter un pantalon pffff !"J'aime prendre soin de moi, je m'intéresse à la mode et je porte des jupes, comme beaucoup de femmes, au final et je ne vois pas en quoi cela fait de moi une femme soumise. Je ne pense pas que le féminisme soit un simple problème de pantalon et qu'on soit obligée de s'enlaidir pour enrichir le débat. Je n'aime pas qu'on me dise qu'il faut que j'essaye de ressembler aux hommes. A mon humble avis, ce n'est pas ça du tout pour moi le féminisme. Vouloir être l'égal de l'homme ça ne veut pas dire vouloir porter un pantalon et se faire greffer une moustache, ça veut juste dire vouloir obtenir les mêmes droits. Refroidie par cette soirée, je m'étais dit que le féminisme, ce n'était pas pour moi. Et puis, l'année dernière une fille de la fac m'a parlé d'une manif pour dénoncer le fait que le droit à l'avortement était menacé. Ça m'a fait un choc : soudain, j'ai pris conscience que les acquis de nos mamies, c'était bien, mais que la lutte pour l'égalité homme/femme était loin d'être terminée :J'aimerais être traitée comme le mec assis à coté de moi dans l'amphi. Tous les deux, on prend les mêmes cours, on se rend aux mêmes TD, on travaille autant mais, dans quelques années, il aura sûrement un meilleur salaire que le mien et personne n'hésitera à l'embaucher en se disant qu'il peut tomber enceinte.
J'aimerais ne plus être regardée comme une criminelle lorsque je dis qu'avoir un enfant n'est pas une priorité dans ma vie et que quand bien même j'en aurai un :
* je n'accoucherai pas chez moi, dans la douleur même si c'est plus sain pour le bébé. (faudrait m'expliquer ce nouveau délire !?)* je n'allaiterai pas* je ne prendrai pas de congé maternité pour lui.Pourquoi est-ce que ce serait toujours aux femmes de le faire ? Comme si nos études et notre carrière professionnelle, c'était juste pour passer le temps, en attendant de trouver un mari à combler et des enfants à élever .... Comme si, pour prétendre être une femme épanouie, il faut être impérativement passée par la case "maternité", sinon, ça ne marche pas.