La Prisonnière espagnole donne d’abord l’impression assez bête d’un film handicapé par un budget serré. Les premières séquences très lisses – mettant en scène une île des Caraïbes, avec des soleils en toc, une scène de cocktail trop chorégraphiée pour être vraie, des investisseurs caricaturés, un hydravion tout droit sorti d’un album de Tintin – donnent à première vue la sensation d’une production trop fauchée pour rassembler tous ces détails figuratifs qui donnent chair et vraisemblance à un récit. Il ne faut pas longtemps, cependant, pour s’habituer à ce sentiment. Et très vite, la gêne laisse place à une atmosphère d’étrangeté. Et si tous ces décors fake étaient là pour plonger spectateurs et personnages dans une ambiance d’irréalité ? Premier indice au crédit de cette hypothèse : l’immédiate bizarrerie de certains personnages, de la secrétaire à l’ami avocat en passant par le milliardaire joué par Steve Martin. Deuxième indice : la passivité du personnage principal Joe Ross, qui donne à l’ensemble une ambiance onirique.
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