La justice brésilienne a enfin tranché ! Elle exige la suspension immédiate de la construction du barrage hydroélectrique de Belo Monte et donne raison aux peuples indigènes et organisations écologistes qui luttent depuis plus de deux ans.
Alors que l'Institut brésilien de l'environnement (Ibama) avait autorisé sa construction en janvier dernier, provoquant les larmes des indigènes et du célèbre chef Raoni, la justice fédérale de l'Etat du Para (nord) a ordonné mercredi l'arrêt des travaux du gigantesque barrage hydroélectrique de Belo Monte, sur le fleuve Xingu. Les indiens de cette région de l'Amazonie, la population locale et les mouvements écologistes avaient réussis à alerter la communauté internationale, sans résultat probant à ce jour.
Loin d'être découragé par l'aval des autorités, le grand chef Raoni, fermement opposé à la destruction du patrimoine environnemental de la région, était d'ailleurs arrivé en France lundi 19 septembre afin de continuer à alerter les grands de ce monde.
L'argument des pêcheurs a eu raison du projet
Hier, la justice brésilienne a finalement interdit au consortium Norte Energia d'altérer le lit du fleuve Xingu, par "l'implantation d'un port, des explosions, la construction de digues, le creusement de canaux ou tout autres travaux qui modifient son cours naturel et portent atteinte à la faune ichtyologique", précise l'AFP. Dans le cas où le consortium Norte Energia ne se conformerait pas à la décision du tribunal, il devra payer une amende quotidienne de 200 000 reais brésiliens, soit environ 80 000 euros. "Il n'est pas raisonnable de permettre que les innombrables familles, dont la survie dépend exclusivement de la pêche de poissons ornementaux sur le fleuve Xingu, se voient affectées directement par les travaux du barrage hydroélectrique", a estimé pour sa part le juge.
Le combat de l'Association des éleveurs et exportateurs de poissons ornementaux d'Altamira semble avoir convaincu la justice du Para. Pour l'association, les travaux risquaient d'entraîner, en perturbant les flux migratoires et le cycle de reproduction, l'extinction des principales espèces de poissons de la région.
D'une puissance prévue de 11.200 mégawatts, ce projet était considéré par le gouvernement socialiste comme un élément fondamental pour le développement énergétique du pays. Le barrage de Belo Monte qui allait ainsi devenir le troisième plus grand barrage au monde après ceux des Trois-Gorges, en Chine, et d'Itaipu, entre le Brésil et le Paraguay, ne devrait plus menacer plus les populations indigènes.
Alicia Muñoz