Hier soir, les candidats à la primaire citoyenne se retrouvaient pour un 2ème débat beaucoup plus mordant que le 1er. En introduction, chaque prétendant accroché à son pupitre, ânonne son thème de prédilection, rebattu en meeting depuis des semaines. Ségolène Royal et son blocage des prix, Martine Aubry et la suppression des niches fiscales, François Hollande et son contrat de génération, Arnaud Montebourg et la lutte contre les banques, Manuel Valls et l’autorité de l’Etat, Jean-Michel Baylet et l’Europe…
Dans une ambiance cordiale, les candidats à la primaire ont évoqué la crise, le travail et le pouvoir d’achat, mais aussi les questions de sécurité et l’immigration, en mettant en avant leurs différences, mais sans s’affronter.
François Hollande est resté relativement en retrait, préférant garder son temps de parole pour conclure les séquences. Martine Aubry a semblé quelque peu ailleurs, confondant en fin d’émission le « nous » de la chef de parti qu’elle était jusqu’en juin avec le « je » de la candidate qu’elle est depuis devenue. Ségolène Royal, qui avait promis de se montrer plus offensive que lors du premier débat, a su être plus présente sans pour autant devenir agressive. Enfin, Arnaud Montebourg et Manuel Valls ont joué leurs rôles de « bornes » idéologiques, l’un marquant la frontière gauche du parti, l’autre sa droite, au terme d’un débat où le nom de Nicolas Sarkozy ne fut quasiment pas évoqué. Voici un résumé des principales déclarations des uns et des autres.
- La crise
Montebourg place la priorité sur les banques : « Nous n’aurons pas d’autre choix que de faire payer les banques et non les contribuables. » Manuel Valls, lui, vise le désendettement qui « est de gauche », avec un soutien à la compétitivité, notamment les PME et PMI. Ségolène Royal, elle, propose de « bloquer le prix de l’essence et de 50 produits de première nécessité ». Accusée de « dirigisme », elle répond : « Ça ne me gênera pas. » Aubry, de son côté, souhaite « que les salariés puissent comme les actionnaires, quand ils ne sont pas d’accord, saisir le tribunal de commerce. Si on avait eu ça avec Molex, l’entreprise serait restée en France plutôt qu’aller aux Etats-Unis ». « Trop bureaucratique et trop longue », réplique Royal.
- La TVA sociale
C’est Manuel Valls qui a lancé l’idée. « La solution, c’est la TVA sociale », a-t-il estimé, dont seraient épargnés « les produits de première nécessité ». Une « augmentation d’un point de TVA » qui « permet d’injecter tout de suite 10 milliards d’euros dans le budget de l’Etat. » Il s’est fait tacler par les autres candidats qui lui ont reproché, comme Martine Aubry, de proposer une mesure qui « va toucher d’abord les classes populaires et les classes moyennes ». Arnaud Montebourg, lui, a attaqué son concurrent sur son positionnement à gauche : « La TVA sociale, la droite a essayé de la faire passer », a-t-il lancé, dénonçant une proposition qui n’a pas sa place « dans des primaires de gauche ». « Personne ici n’a le monopole de la gauche », lui renvoie Valls.
- Les salaires
Pour Hollande, « il y aura une loi qui mettra bon ordre [sur les hauts revenus] y compris sur les stock-options ». Le smic a également été au cœur de la discussion. Royal a estimé qu’ »à 1 070 euros nets, le Smic n’est pas loin du seuil de pauvreté à 900 euros ». « Je veux que le travail paie », a-t-elle lancé proposant une « obligation de discussion salariale dans les entreprises » et une « progression salariale obligatoire ». « On augmentera le Smic comme la moyenne des salaires », promet également Martine Aubry. Une idée partagée par Montebourg, qui souhaite « une loi de partage : 100 euros à vos actionnaires, 100 euros à vos salariés ». Jean-Michel Baylet lui se démarque en expliquant que « nous n’avons pas les moyens ni dans le public ni dans le privé de décréter une hausse générale des salaires ».
- La sécurité
« Un droit fondamental comme les autres », a déclaré Mme Aubry qui propose « 10 000 policiers en plus », une mesure qui « coûte 300 millions d’euros ». « Dès le premier acte d’incivilité, il faut une sanction », ajoute-t-elle. Pour Manuel Valls, il faut « généraliser les polices municipales ». De son côté, François Hollande propose de « créer des centres de rééducation renforcée ». « Je propose que le service civique soit obligatoire pour ces jeunes-là », ajoute-t-il. Royal a de son côté relance l’idée de « l’encadrement militaire éducatif des jeunes ».
- L’immigration
Sur la régularisation des sans-papiers, les six candidats sont d’accord : pas de régularisation massive mais du cas par cas. Sur les critères, Mme Aubry propose « le temps de présence dans le pays, ceux qui travaillent ou qui ont des enfants scolarisés ». Arnaud Montebourg évoque lui des critères « généreux » mais toujours au cas par cas. Ségolène Royal, comme Manuel Valls, est contre « des critères généreux ». « La France doit être claire, précise, généreuse mais les critères doivent être fermes », a indiqué ce dernier.
Source Le Monde
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